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Cinq grandes innovations africaines qui peuvent devenir mondiales

La multiplication, ces dernières années, des événements dédiés à l’entrepreneuriat et à la technologie sur le continent, semble marquer le début d’une ère d’innovation « made in Africa ». Les initiatives de financement, quoi qu’encore insuffisantes par rapport au potentiel existant, semblent également suivre la tendance. D’après le African Venture Capital Report, 725,6 millions $ ont été investis dans les startups africaines en 2018, en hausse par rapport aux 167,7 millions $ de l’année précédente.

Science, économie, santé, environnement… Ces outils ou procédés novateurs couvrent à petite ou grande échelle, divers secteurs sensibles, jugés primordiaux pour l’achèvement du processus de développement du continent noir. Voici cinq grandes innovations emblématiques du décollage de l’Afrique et de sa capacité à conquérir le monde.

1- M-Pesa : la réponse kenyane à la faible bancarisation de sa population

En 2007, le Kenya dévoilait un service qui révolutionnera, plusieurs années plus tard, son secteur bancaire : M-Pesa. Lancé par l’opérateur mobile kenyan Safaricom, une entreprise détenue en partie par le groupe britannique Vodafone, il s’agit de l’un des tout premiers systèmes de microfinancement et de transfert d’argent par téléphone mobile mis en place en Afrique et dans le monde.

1m pesa

Au départ, l’idée du projet était de créer un service qui permettrait aux emprunteurs de microfinance de contracter et rembourser facilement des prêts auprès du réseau de revendeurs de crédits de communication de Safaricom, au Kenya. Cependant, le contexte économique kenyan marqué par un très faible taux d’inclusion financière et de bancarisation, poussera le service à muer et à s’orienter vers le transfert d’argent domestique dans le pays et la possibilité d’effectuer des paiements.

En douze ans, cet outil, classé parmi les 10 projets financiers les plus influents des 50 dernières années par le Project Management Institute (PMI), propulsera le Kenya au plus haut niveau continental en matière d’inclusion financière.

En huit mois, M-Pesa avait conquis 1 million d’utilisateurs et ce chiffre avait déjà triplé en juin 2008. Fin juin 2019, le service comptabilisait plus de 26,9 millions de clients, soit près de 83% de la population adulte possédant un compte « Mobile money », dans un pays comptant environ 50 millions d’habitants. Au cours de la même période, la valeur des transactions sur le service a été estimé à plus de 16,4 milliards $, soit environ 21% du produit intérieur brut (PIB) du pays. D’après une enquête publiée par la banque centrale kenyane cette année, le taux d’inclusion financière au Kenya est passé de 26,7% en 2006, à 82,9% en 2019. Les taux d’inclusion financière informelle et d’exclusion financière sont passés respectivement de 32,1 % et 41,3 % en 2006 à 6,1 % et 11 % en 2019. Cette performance vaudra au Kenya d’être classé à la troisième place africaine en matière d’accès aux services financiers, derrière l’Afrique du Sud et les Seychelles.

«Cette évolution peut être attribuée à l’introduction des services financiers mobiles en 2007, suivie d’un nombre accru de partenariats et d’innovations comme les services bancaires mobiles, la banque d’agence, la finance numérique et les applications mobiles.  Le mobile money a servi de « rampe d’accès » à l’inclusion financière formelle, en particulier par le biais de la finance numérique» indiquait à cet effet le rapport.

En douze ans, M-Pesa a fondamentalement transformé l’économie kényane, de plus en plus digitalisée, avec des transactions rapides, plus sûres et surtout traçables. Selon une étude du Massachusetts Institute of Technology, 2 % des Kényans sont sortis de la pauvreté grâce aux microcrédits souscrits par mobile. Safaricom indiquait également que la plateforme avait permis de générer plus de 860 000 emplois. Cette évolution qui permet à de nombreuses couches de la population de bénéficier de services financiers desquels ils étaient souvent exclus, a poussé le service à s’exporter au-delà des frontières kenyanes, notamment en Tanzanie, en Afghanistan, en Inde et en Europe de l’Est.

2- Cameroun : le cardiopad ou la tablette qui sauve des vies

D’après l’organisation mondiale de la santé, le Cameroun fait partie des nations africaines qui traversent une crise des ressources humaines pour la santé. L’institution estime que le ratio médecin/habitant du pays, est d’environ 1,1 médecin et 7,8 infirmières et sages-femmes pour 10 000 habitants.

2cardiopad

Pour lutter contre ce phénomène, commun à plusieurs pays africains et qui entraîne de nombreux décès chaque année, Arthur Zang, un jeune ingénieur camerounais, imaginera un outil spécialisé dans la détection des maladies cardiaques : le cardiopad.

C’est en 2009 que naîtra cette idée. Alors étudiant en informatique à l’école polytechnique de Yaoundé, Arthur Zang fait un stage dans le service de cardiologie. Étonné par l’utilisation, au XXIe siècle, d’électrocardiogramme papier, il se proposera pour concevoir un logiciel utilisable sur ordinateur.

L’idée est de reproduire sur une tablette informatique un électrocardiogramme, dans la perspective de le rendre accessible, via internet, à un cardiologue capable d’analyser à distance les données enregistrées. Fréquence des pulsations ou encore durée des intervalles entre deux battements, ces informations sont calculées, visualisées et enregistrées par cette tablette et peuvent être simultanément transmises à distance à un cardiologue afin que celui-ci établisse un diagnostic.

« Le Cardiopad, ça permet d’avoir tout d’un coup un nombre assez important de patients nécessitant des soins de cardiologie qui trouvent directement une solution à leur problème quelle que soit la distance de ceux-ci avec les cardiologues » commentait à cet effet Alain Bala, cardiologue dans l’un des principaux centre de santé du pays. Une invention révolutionnaire dans un pays qui comptait en 2017, seulement 60 cardiologues pour 22 millions d’habitants.

En 2016, à la tête de son entreprise Himore Medical, l’ingénieur de 32 ans lancera la commercialisation de son cardiopad monté au Cameroun, et vendu à environ 3200 $. Un projet qui a pu être concrétisé grâce à de nombreux financements participatifs et à un soutien de l’Etat qui représentait en 2017, 40% des ventes de l’entreprise avec une commande de 82 millions de francs CFA, destinée notamment à alimenter des centres de santé publics. Ce nouvel outil a également commencé à s’exporter avec des ventes au Gabon, en Inde et au Népal, laissant présager des lendemains reluisants pour ce produit made in Africa.

3- Secure ID : la première entreprise productrice de carte à puce de l’Afrique de l’ouest

Avec une explosion de l’utilisation des téléphones portables, et une accélération de la digitalisation des moyens de paiement sur le continent ces dernières années, l’Afrique est devenue un énorme marché potentiel en matière de cartes à puces, utilisées comme moyen d’identification personnelle (carte d’identité, carte d’assurance maladie, carte SIM) ou de paiement (carte bancaire, porte-monnaie électronique). Conscient de cet enjeu, une entreprise va très tôt se lancer dans le secteur de la fabrication de ces composantes essentielles pour des millions d’utilisateurs, en Afrique de l’Ouest notamment.

Ainsi, en 2016, Secure ID est devenu le premier fabricant de cartes créés au Nigeria et premier fabricant de cartes en polycarbonate en Afrique. L’entreprise manufacture non seulement pour l’industrie des paiements, mais aussi les cartes SIM pour les télécoms et les cartes biométriques d’identité, etc. Elle dispose de la seule usine de production de cartes à puce en Afrique de l’Ouest, et l’une des six sur le continent. En plus du Nigeria, la société dessert 20 autres pays d’Afrique.

Avec une production de plus de 200 millions de cartes, l’entreprise a été reconnue comme étant la référence en matière d’innovation et de créativité dans le secteur des cartes à puce en Afrique subsaharienne, contribuant à faire économiser à un pays comme le Nigeria des milliards de dollars d’importations de cartes SIM et ATM en provenance de Chine. Derrière ce vaste projet, Kofo Akinkugbe, une mathématicienne nigériane qui a fait carrière dans la banque avant de se tourner vers la monétique.

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