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Comment exploiter le numérique pour donner un nouveau cap au système alimentaire troublé par la Covid ?

« Asymétrique ». C’est le qualificatif utilisé par les experts du Groupe de la Banque mondiale pour décrire le déséquilibre entre des agriculteurs contraints de jeter leurs productions, et des consommateurs qui éprouvent des difficultés à se nourrir. En faisant émerger de nombreux questionnements, cette asymétrie créée par la pandémie du coronavirus (Covid-19) donne cependant l’occasion d’exploiter la révolution numérique pour donner un nouveau cap au système alimentaire mondial. Et évoluer vers un modèle plus inclusif, plus résilient et plus durable.

« […] la révolution numérique ouvre la voie à un autre équilibre, dans lequel les systèmes d’organisation et de production souples et à petite échelle peuvent prospérer et s’adapter rapidement à un environnement opérationnel changeant », martèle la Banque mondiale dans une contribution visant à aider les pays à faire face à la Covid-19.

Selon l’Institution de Bretton Woods, les produits agricoles sont issus de 570 millions d’exploitations. Pour la plupart, ce sont des cellules familiales, de petite taille et situées dans les pays en développement. Leurs systèmes alimentaires sont locaux, et jouent en cela un rôle essentiel dans l’alimentation des populations.

Si rien n’est fait pour inverser la tendance, près de 100 millions de personnes supplémentaires risquent de basculer dans la pauvreté en raison des conséquences économiques de la pandémie.

Technologies numériques

A en croire les spécialistes, les technologies numériques entraînent des changements sur de nombreux fronts et à un rythme accéléré, car elles permettent de collecter, d’utiliser et d’analyser des quantités massives de données sur pratiquement tous les aspects du système alimentaire et à un coût marginal presque nul.

A titre d’exemple, la Banque cite Alibaba et YouTube. Deux plateformes numériques qui bouleversent les modèles économiques traditionnels. Elle en veut également pour preuve l’investissement de 2,8 milliards de dollars, en 2019, par des sociétés de capital-risque dans des start-up spécialisées dans des applications agricoles digitales.

Si le numérique peut être utilisé pour faire en sorte que le système alimentaire soit capable de réduire la faim et d’assurer la bonne santé des populations, de l’économie et de la planète, c’est avant tout la volonté politique qui permettra de relever ce défi. Car pour la Banque, l’innovation numérique ne vaut que par les objectifs qu’elle sert. Pour produire des résultats positifs, les politiques publiques doivent l’accompagner des infrastructures et capacités humaines nécessaires, s’attaquer aux inégalités entre hommes et femmes et accorder une attention particulière aux bénéfices environnementaux.

Aussi, l’institution financière se concentre sur trois grandes recommandations pour accélérer la transition vers un avenir alimentaire plus durable : les politiques publiques devraient chercher à déconcentrer les marchés et les chaînes d’approvisionnement, à décentraliser la traçabilité et à diffuser les données.

Déconcentrer, décentraliser et diffuser les données

Selon la Banque, les plateformes numériques peuvent contribuer à déconcentrer et à augmenter le nombre de marchés en amont et en aval du système alimentaire. Ce qui permet d’obtenir de meilleurs résultats à chaque extrémité de la chaîne d’approvisionnement.

Décentraliser la traçabilité des aliments tout au long de la chaîne d’approvisionnement permettrait d’obtenir des aliments plus sûrs et plus durables. Pour la Banque, cet enjeu est fondamental quand on sait que, chaque année, quelque 600 millions de personnes tombent malades après avoir consommé des aliments contaminés, ce qui coûte aux pays à revenu faible et intermédiaire 110 milliards de dollars en pertes de productivité et en dépenses de santé.

Les auteurs de cette contribution déclarent que les données ouvertes ont aussi le potentiel de renforcer l’efficacité du soutien du secteur public au système alimentaire, sachant que les pays étudiés par l’OCDE investissent chaque année plus de 500 milliards de dollars dans l’agriculture. Elles permettent de partager des informations entre différents organismes publics, d’améliorer la performance des processus et d’accroître l’efficacité de la prestation des services publics.

« En intensifiant le passage aux technologies numériques, les mesures de confinement physique pourraient entraîner un essor inattendu et annoncer un changement bienvenu. Il est urgent d’agir dès maintenant pour veiller à ce que les cadres politiques favorisent des solutions numériques qui nous rapprochent de la réalisation des Objectifs de développement durable en stimulant la déconcentration, la décentralisation de la traçabilité et la diffusion de données ouvertes », conclut la Banque mondiale.

Source: cio mag

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