A la Une Actualités Tech Afrique

La Guinée lance sa fédération de sport électronique : un nouveau jalon dans l’essor du gaming africain

98565

Et si la prochaine star africaine de l’e-sport venait de Conakry ? En lançant officiellement sa Fédération guinéenne de sport électronique (FGSE), la Guinée entre dans la cour des grands du gaming africain. Un pas symbolique et stratégique pour un pays qui voit dans le jeu vidéo un moteur culturel, économique et technologique.

L’annonce a été faite début octobre 2025 par le ministère de la Jeunesse et des Sports, en collaboration avec le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique. La création de la FGSE s’inscrit dans la politique de modernisation du secteur sportif et dans la volonté de faire du numérique un levier de développement pour la jeunesse. Objectif : structurer la pratique du jeu vidéo compétitif, soutenir les talents locaux et positionner la Guinée sur la carte du sport électronique continental.

Le lancement intervient dans un contexte d’expansion fulgurante de l’e-sport en Afrique. Selon un rapport de Newzoo Africa 2025, le marché du gaming africain pèsera plus de 1,2 milliard de dollars cette année, porté par la démocratisation des smartphones et de la 4G. Des pays comme le Maroc, le Nigeria, le Sénégal et l’Afrique du Sud se sont déjà imposés comme des pôles régionaux de compétitions. Désormais, la Guinée veut rejoindre ce mouvement en misant sur la jeunesse : près de 70 % de la population guinéenne a moins de 30 ans, un vivier idéal pour développer une scène compétitive locale.

La nouvelle fédération aura pour mission d’organiser des tournois nationaux et internationaux, d’encadrer les clubs et associations de gamers, et de mettre en place des programmes de formation aux métiers du jeu vidéo. Car au-delà de la compétition, le projet ambitionne de créer un écosystème durable : studios de création, espaces de gaming, partenariats éducatifs et incubateurs de projets numériques. La FGSE travaillera également à la reconnaissance du e-sport comme discipline sportive à part entière, avec des licences officielles, des règles codifiées et des équipes nationales représentatives.

Selon Souleymane Barry, président fondateur de la fédération, “le sport électronique n’est pas seulement un divertissement, c’est un vecteur d’opportunités économiques et sociales. Il peut générer des emplois, révéler des talents et contribuer à l’image moderne de la Guinée.” Cette vision est partagée par le gouvernement, qui voit dans le gaming un levier de diversification économique et un outil d’inclusion numérique.

L’un des premiers chantiers de la FGSE sera l’organisation du Championnat national de e-sport Guinée 2025, prévu à Conakry en décembre. L’événement réunira les meilleurs joueurs du pays autour de titres populaires comme FIFA 25, Call of Duty: Mobile, PUBG Mobile ou League of Legends. Des partenariats sont déjà en cours avec des acteurs internationaux tels que Orange Guinée, MTN Gaming Arena et la plateforme African Gaming League pour assurer la diffusion en ligne et la participation à des ligues régionales.

Mais le projet ne se limite pas au jeu de compétition. Il vise aussi à promouvoir la création locale de contenus vidéoludiques. Des studios indépendants guinéens commencent à émerger, inspirés par des récits et des esthétiques africaines. L’objectif à moyen terme est de soutenir ces créateurs pour faire de la Guinée non seulement une terre de gamers, mais aussi de développeurs.

Le lancement de la fédération guinéenne s’inscrit dans une dynamique continentale plus large. Le Maroc dispose déjà d’une Fédération royale du sport électronique, le Sénégal a créé la Senegal eSports Association, et le Nigeria multiplie les partenariats avec les géants du secteur comme Sony et Ubisoft Africa. Dans ce paysage en pleine structuration, la Guinée fait figure de nouvel entrant prometteur, décidée à se tailler une place dans les circuits compétitifs africains et internationaux.

Le défi principal restera celui des infrastructures numériques. Les connexions Internet haut débit, les espaces de jeu professionnels et les équipements restent encore limités. Mais les autorités assurent que le déploiement du haut débit national et la création de pôles technologiques régionaux viendront soutenir l’essor du e-sport. “Nous voulons que chaque jeune Guinéen puisse accéder à un espace de gaming connecté, sûr et formateur”, a précisé le ministre de l’Économie numérique, Ousmane Gaoual Diallo.

À travers cette fédération, la Guinée envoie un message clair : le gaming n’est plus un loisir marginal, mais un secteur stratégique capable de générer innovation, emploi et rayonnement culturel. Dans un continent où la jeunesse est la plus grande richesse, l’e-sport apparaît comme une nouvelle frontière entre passion, technologie et développement économique.

La prochaine étape ? Faire de Conakry un rendez-vous incontournable du sport électronique africain. Et prouver que le futur du gaming mondial peut aussi parler peul, soussou ou malinké.

Sources :
Ministère de la Jeunesse et des Sports de Guinée (octobre 2025) ; Ministère des Postes, Télécommunications et Économie numérique ; Newzoo Africa Gaming Report 2025 ; African Gaming League ; Jeune Afrique Tech ; Games Industry Africa ; CIO Mag.

ARTICLES SIMILAIRES

Laisser un Commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient. Accepter En savoir plus