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13 octobre 2025
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Le Niger inaugure un centre national de cybersécurité pour renforcer son infrastructure numérique

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Et si la sécurité devenait le cœur de la souveraineté numérique africaine ? En inaugurant son Centre national de cybersécurité, le Niger franchit une étape décisive dans la protection de ses données, la défense de ses infrastructures critiques et l’affirmation de sa place dans l’économie numérique régionale.

Dans un contexte mondial marqué par l’explosion des cybermenaces — plus de 60 % des institutions publiques africaines ont subi au moins une attaque en 2024 selon l’Union africaine —, Niamey choisit d’investir dans la résilience numérique. Le centre, inauguré début octobre 2025 par le ministère de la Communication, des Postes et de l’Économie numérique, s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation digitale du pays. Cette initiative vise à doter l’État d’une capacité autonome de surveillance, de détection et de réponse face aux incidents informatiques, tout en développant une culture de cybersécurité à l’échelle nationale.

Le Centre national de cybersécurité du Niger (CNC) sera le cœur névralgique de la défense numérique du pays. Doté d’équipements de pointe et d’un laboratoire d’analyse des menaces, il centralisera la veille, la coordination des réponses et la formation des experts en sécurité informatique. Conçu avec l’appui de partenaires internationaux tels que l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information française (ANSSI) et l’African Cybersecurity Coordination Network, ce centre marque une montée en puissance stratégique pour un pays encore en phase d’émergence numérique.

Sa mission dépasse la simple protection des infrastructures gouvernementales. Le CNC accompagnera également les entreprises publiques et privées dans la sécurisation de leurs systèmes informatiques, notamment dans des secteurs sensibles comme l’énergie, les télécommunications et la finance. Une cellule d’intervention rapide a été créée pour gérer les attaques en temps réel et coordonner la réponse entre les différents ministères et opérateurs. À terme, le centre ambitionne de devenir un hub régional de compétences pour l’Afrique de l’Ouest, capable d’offrir des formations et des certifications en cybersécurité à l’échelle de la CEDEAO.

Le projet s’inscrit dans une vision plus large portée par le gouvernement nigérien : bâtir une économie numérique souveraine et sécurisée. Ces dernières années, le Niger a multiplié les investissements dans les télécommunications, la digitalisation administrative et la formation des jeunes talents. La cybersécurité apparaît désormais comme la pierre angulaire de cette stratégie. Comme l’a souligné le ministre Moussa Boubacar, lors de l’inauguration : “La sécurité numérique est une condition de confiance, et la confiance est la clé du développement numérique. Sans elle, il n’y a ni innovation, ni croissance durable.”

Mais au-delà des infrastructures, c’est aussi un enjeu de gouvernance et de coopération. Le centre participera à l’élaboration de politiques publiques sur la protection des données, la cybercriminalité et la sensibilisation citoyenne. Dans un pays où l’accès à Internet a triplé en cinq ans, la montée en compétence des utilisateurs est devenue une priorité. Des campagnes d’éducation numérique seront déployées dans les écoles, les universités et les administrations afin de promouvoir les bons réflexes de sécurité en ligne.

Cette initiative du Niger s’inscrit dans une dynamique continentale. Après le Maroc, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Rwanda, c’est désormais Niamey qui rejoint le cercle restreint des États africains dotés d’une infrastructure nationale de cybersécurité opérationnelle. Dans une région souvent ciblée par des attaques transfrontalières, la mutualisation des compétences devient essentielle. Le CNC prévoit ainsi de collaborer avec le Computer Emergency Response Team (CERT) de l’Union africaine pour partager données, outils et protocoles de réponse.

Sur le plan économique, les retombées pourraient être considérables. En renforçant la confiance numérique, le Niger espère attirer davantage d’investissements étrangers, notamment dans les fintechs, les télécoms et les services cloud. Les entreprises locales bénéficieront d’un cadre plus sûr pour développer leurs activités en ligne, tandis que les start-up pourront accéder à des formations et à des programmes de certification en cybersécurité.

Cependant, le défi reste de taille : bâtir une expertise locale pérenne. La dépendance initiale aux partenaires étrangers devra progressivement céder la place à un écosystème national de compétences. Pour cela, le gouvernement compte sur les universités nigériennes et sur le futur Institut de cybersécurité et d’intelligence numérique, actuellement en cours de création à Niamey.

L’inauguration du Centre national de cybersécurité symbolise donc une ambition claire : faire du Niger un acteur crédible et souverain dans la lutte contre les menaces numériques. Dans un monde où la guerre de l’information devient aussi stratégique que la guerre économique, cette initiative marque un tournant. Le pays ne se contente plus de protéger son réseau : il construit les fondations de sa souveraineté digitale.

Sources :
Ministère de la Communication, des Postes et de l’Économie numérique du Niger (octobre 2025) ; Union internationale des télécommunications (UIT) ; African Cybersecurity Coordination Network ; Agence Ecofin ; Jeune Afrique Tech ; MIT Technology Review.

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