Et si, demain, un simple texte suffisait pour créer un film digne de Netflix ? La vidéo générative par intelligence artificielle n’est plus une fiction : elle est devenue le nouveau champ de bataille entre les géants technologiques. En 2025, OpenAI et Meta se livrent une compétition féroce pour dominer ce marché émergent, considéré comme l’une des prochaines grandes révolutions de l’économie numérique.
Depuis le lancement de Sora 2 par OpenAI et l’annonce de Make-A-Scene Pro par Meta, la frontière entre créativité humaine et production algorithmique s’efface un peu plus. Les deux entreprises promettent un futur où chacun pourra raconter des histoires, produire des clips ou créer des publicités simplement en décrivant une scène à une intelligence artificielle. Une avancée technologique qui suscite autant d’enthousiasme que d’inquiétudes.
OpenAI : la puissance narrative de Sora 2
OpenAI a frappé un grand coup début 2025 avec Sora 2, la nouvelle version de son modèle de génération vidéo. Capable de produire des séquences ultra-réalistes à partir de descriptions textuelles, Sora 2 se distingue par sa compréhension fine du langage cinématographique. L’IA interprète les intentions du réalisateur — mouvements de caméra, ambiance lumineuse, émotions — et les traduit en images cohérentes et fluides.
Contrairement à ses premiers prototypes, Sora 2 gère désormais les transitions entre plans, la continuité visuelle et même la direction d’acteurs virtuels. OpenAI a intégré dans le modèle un module de « mise en scène contextuelle », lui permettant de comprendre la logique narrative d’un scénario. Résultat : des vidéos qui ressemblent davantage à des courts-métrages professionnels qu’à des animations artificielles.
OpenAI a également étendu les usages de Sora au secteur du marketing et de la formation, en permettant la génération automatique de vidéos explicatives, de tutoriels ou de simulations 3D. Certaines startups africaines, notamment dans la edtech et la publicité numérique, expérimentent déjà l’outil pour produire du contenu à faible coût, adapté à leurs publics locaux.
Meta contre-attaque avec Make-A-Scene Pro
Face à OpenAI, Meta n’a pas tardé à répliquer. Son modèle Make-A-Scene Pro, développé par les équipes d’AI Research (FAIR), mise sur une approche plus visuelle et collaborative. L’utilisateur ne se contente plus d’écrire : il peut dessiner, esquisser ou importer une image que l’IA interprète pour générer une vidéo réaliste. Meta entend ainsi rapprocher la génération vidéo des outils de création traditionnels.
L’autre force de Meta réside dans son écosystème social. L’entreprise prévoit d’intégrer Make-A-Scene directement à Instagram Reels, Facebook Ads et Horizon Worlds, sa plateforme de réalité mixte. L’objectif est clair : faire de la vidéo générative un outil natif pour les créateurs de contenu, les marques et les annonceurs.
Avec plus de 3,6 milliards d’utilisateurs actifs sur ses plateformes, Meta dispose d’un avantage de distribution colossal. En rendant la génération vidéo accessible au grand public, la firme de Mark Zuckerberg espère créer un effet réseau massif, où chaque utilisateur devient potentiellement créateur — voire producteur — de vidéos personnalisées.
Une guerre d’algorithmes aux enjeux colossaux
Derrière cette course technologique se joue bien plus qu’une simple compétition entre entreprises : il s’agit de redéfinir la production audiovisuelle mondiale. Les modèles de Meta et d’OpenAI reposent sur des milliards de paramètres, entraînés sur des volumes considérables de données visuelles. Cette puissance algorithmique coûte cher : l’entraînement d’un modèle comme Sora 2 représenterait à lui seul plus de 200 millions de dollars en ressources informatiques.
Mais le véritable enjeu est ailleurs : le contrôle du contenu et de la propriété intellectuelle. Qui détient les droits d’une vidéo générée par une IA ? Comment éviter la prolifération de deepfakes ou la manipulation visuelle à grande échelle ? OpenAI et Meta affirment avoir intégré des filigranes numériques invisibles pour authentifier les contenus générés, mais les experts restent prudents.
L’Union européenne, via son AI Act, et plusieurs pays africains, dont le Kenya et le Maroc, commencent à envisager des cadres de régulation spécifiques pour encadrer la vidéo générative, notamment dans les médias et la publicité.
L’Afrique, nouveau terrain d’expérimentation
Sur le continent africain, la vidéo générative suscite un intérêt croissant. Des startups du Nigeria, du Sénégal et de l’Afrique du Sud y voient un levier d’inclusion créative, capable de réduire les coûts de production audiovisuelle. En 2025, l’incubateur CcHub de Lagos a lancé un programme baptisé “AI for Creators”, en partenariat avec Meta, pour former de jeunes réalisateurs à l’usage de Make-A-Scene.
De son côté, OpenAI collabore avec des studios de création au Rwanda et en Côte d’Ivoire pour tester Sora 2 dans la production de contenus éducatifs et culturels. Ces initiatives pourraient transformer la manière dont l’Afrique francophone raconte ses propres histoires — sans avoir besoin d’infrastructures coûteuses.
Vers une révolution visuelle mondiale
La course entre OpenAI et Meta dépasse le simple enjeu technologique : elle annonce une mutation profonde du langage visuel. Si OpenAI mise sur la précision narrative et la cohérence esthétique, Meta mise sur l’accessibilité et la viralité sociale. Deux visions qui convergent vers une même réalité : celle d’un monde où la vidéo devient un langage universel, généré à la vitesse de la pensée.
Mais cette révolution pose une question essentielle : que deviendra la création humaine dans un monde où l’IA sait tout imaginer ? Les artistes, les cinéastes et les journalistes devront sans doute redéfinir leur rôle, non plus comme producteurs d’images, mais comme architectes de sens.
Une chose est sûre : la bataille entre OpenAI et Meta ne fait que commencer. Et elle ne se jouera pas seulement sur la qualité des vidéos, mais sur la confiance que le monde accordera à l’image du futur.
Sources : OpenAI Blog (septembre 2025), Meta AI Research, The Verge, Wired, MIT Technology Review, TechCrunch, Quartz Africa, The Africa Report.