En 2025, l’Afrique francophone est le théâtre d’une révolution des paiements numériques, portée par trois géants : Wave, M-Pesa et Orange Money. Ces plateformes transforment l’accès aux services financiers, favorisent l’inclusion et dynamisent l’économie locale, tout en se livrant une concurrence féroce sur un marché en pleine expansion.
Un marché en pleine effervescence
Le marché africain des paiements mobiles est estimé à 7,24 milliards de dollars en 2025, avec une croissance annuelle de plus de 30 % attendue jusqu’en 2030. Près de 156 services de mobile money sont actifs sur le continent, soit la moitié de l’offre mondiale. L’Afrique francophone, longtemps en retrait par rapport à l’Afrique de l’Est, rattrape son retard grâce à l’innovation et à la pénétration rapide du mobile.
Wave : la disruption par la simplicité et les coûts réduits
Née au Sénégal, Wave s’est imposée en quelques années comme le leader de l’Afrique de l’Ouest, avec une présence dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali, la Gambie ou encore l’Ouganda. Son modèle repose sur une application mobile intuitive, des frais parmi les plus bas du marché et l’utilisation de QR codes pour faciliter les transactions. Cette stratégie a permis à Wave de séduire des millions d’utilisateurs, notamment les jeunes et les populations non bancarisées, et de bousculer les acteurs historiques grâce à une politique tarifaire agressive.
M-Pesa : le pionnier venu de l’Est
Lancé en 2007 au Kenya, M-Pesa est le pionnier du mobile money en Afrique[2]. Son système de transfert par SMS et son vaste réseau d’agents ont permis d’inclure financièrement des millions de personnes, même dans les zones rurales. M-Pesa a traité 236,4 milliards de dollars de transactions en 2022 et s’est étendu à la Tanzanie, au Mozambique, au Ghana, à l’Égypte et même en Asie[1][2]. Si sa présence reste limitée en Afrique francophone, son modèle inspire les opérateurs locaux et pousse à l’innovation, notamment sur l’interopérabilité et les transferts transfrontaliers.
Orange Money : le champion de l’Afrique francophone
Orange Money est aujourd’hui le principal acteur du mobile money en Afrique francophone, avec une présence dans 17 pays de la région, de Dakar à Madagascar. S’appuyant sur l’infrastructure télécom d’Orange, la plateforme propose des services variés : transferts, paiements marchands, remises internationales et même une super-app lancée en 2023, visant 45 millions d’utilisateurs d’ici fin 2025. Son atout majeur : la facilité des transactions transfrontalières, essentielle pour les diasporas et le commerce régional.
Les défis du marché francophone
Malgré la croissance, le marché reste fragmenté, notamment en Afrique de l’Ouest, où la diversité des régulations et des infrastructures ralentit l’interopérabilité[4]. Les transferts entre pays, par exemple entre le Ghana et le Nigeria, nécessitent encore des intermédiaires et des solutions tierces, ce qui limite la fluidité des paiements. Les plafonds réglementaires sur les montants transférables, comme au Nigeria (3 275 $ par jour), freinent également l’essor des usages professionnels et des gros transferts.
Vers une nouvelle ère des paiements numériques
La concurrence entre Wave, M-Pesa et Orange Money stimule l’innovation : intégration de l’IA et de la blockchain, développement de super-apps, amélioration de la sécurité et baisse des coûts. Les partenariats avec des géants mondiaux comme Mastercard ou PayPal accélèrent l’internationalisation des services et l’inclusion financière. En 2025, l’Afrique francophone s’affirme comme un laboratoire de la fintech, où l’accès universel aux paiements numériques devient un moteur de développement économique et social.
Références :
techinafrica.com/regional-trends-in-mobile-money-gateways-2025/
telcomagazine.com/top10/top-10-mobile-money-platforms
elemitech.com/post/top-payment-gateways-in-africa
blog.fincra.com/cross-border-payments-africa/
mordorintelligence.com/industry-reports/middle-east-and-africa-mobile-payments
