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Prêts numériques : le danger du surendettement

Dans le dernier numéro de sa revue trimestrielle « Secteur privé & développement », Proparco s’intéresse aux start-up. Celles du secteur financier, toujours plus nombreuses en Afrique, risquent de renforcer le phénomène de surendettement en accordant des crédits en ligne à leurs clients, sans conduire au préalable une analyse de leur capacité de remboursement, craint Isabelle Barrès, Vice-présidente du Center for Financial Inclusion d’Accion et directrice de la « Smart Campaign ».

Le nombre de fintechs – start-up alliant technologie et services financiers – augmente rapidement en Afrique. Celles qui offrent des « crédits numériques » le font soit par l’octroi de crédits directement sur leur plateforme en ligne ou par téléphone mobile, ou indirectement en facilitant l’accès au crédit et en gérant le produit en aval.

Ces entreprises proposent aux clients le crédit dont ils ont souvent le plus grand besoin à un coût plus compétitif que la concurrence. Elles tirent aussi parti de l’opportunité qui leur est offerte d’atteindre les clients les plus éloignés du marché et l’engouement pour le crédit en ligne qu’elles proposent risque d’attirer des prêteurs peu scrupuleux.

Si les fintechs s’enrichissent alors que leurs clients peinent à rembourser, les défauts de paiement se multiplieront à long terme. Ces propositions de crédit émanant des fintechs pourraient fort bien conduire à une accélération du surendettement en Afrique.

Risques nouveaux

Certains aspects propres au crédit en ligne, basé sur des algorithmes, créent des risques nouveaux : analyse limitée – voire inexistante – de la capacité d’endettement ; produits inadaptés aux besoins du client ; insuffisance du suivi ; renouvellements automatiques ; agressivité des politiques commerciales et du marketing ; conséquences disproportionnées d’un retard de paiement, pouvant enclencher une spirale d’endettement.

Le surendettement ne se manifeste pas seulement par le défaut de paiement : il tient à l’ampleur des sacrifices que doit faire le client pour justement éviter ce défaut. Les algorithmes calibrés de façon à réduire les coûts et les risques supportés par l’organisme de prêt ne prennent malheureusement pas assez en compte les risques encourus par les clients. S’ils sont effectivement conçus pour apprendre dans la durée et pour devenir, au fil du temps, des outils prévisionnels plus précis, cela se fait au détriment des clients initiaux, qui auront permis à l’algorithme d’affiner ses estimations.

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