En juillet 2019, Facebook annonce pour la première fois, la possibilité en Inde de pouvoir transférer facilement de l’argent via l’application Whatsapp. Mais la nouvelle n’a pas fait long feu à cause d’un dialogue de sourd né entre les autorités indiennes et la firme de Mark Zukerberg sur la protection des données personnelles.
Le stockage des données des Indiens qui feront les transactions sur WhatsApp sera logé dans le pays. Ce que n’a pas voulu accepter Facebook qui avait juré pouvoir garder de façon sûre les données des internautes indiens.
Quelques mois après, l’aventure s’arrêta. Facebook attendra encore des mois après, précisément en juin 2020, avant de revenir sur son innovation. Par contre, cette fois-ci, il cible le Brésil.
Mark annonce en grande pompe sur son compte Facebook, le lancement officiel du transfert d’argent via WhatsApp. La firme soutient avoir travaillé avec les banques locales, dont Banco do Brasil, Nubank, Sicredi ainsi que Cielo, le principal processeur des paiements pour les commerçants au Brésil. Facebook ouvre ainsi une nouvelle ère du transfert d’argent (WhatsApp Payments ) dans le monde ou plus de 2 milliards de personnes se connectent sur WhatsApp.
Quid du continent africain, berceau du Mobile ?
L’arrivée du transfert d’argent via WhatsApp dans le continent sera d’une grande opportunité pour les Africains car le taux de pénétration du mobile atteint les 100% sans compter le nombre important d’utilisateurs .
En 2018, plus de 866 millions nouveaux comptes mobile money ont été ouverts dans le monde et l’Afrique y occupe une place de choix.
Selon Daouada Dème “le transfert d’argent via WhatsApp sera juste la première étape de la création d’un nouvel écosystème de transactions financières par voie électronique en Afrique. »
Le consultant et spécialiste de la Fintech pense que Facebook, par le biais de sa filiale WhatsApp permettra, dans un futur proche, aux Africains de faire plus du Transfert d’argent”.
“Mais il faudrait prendre en compte certains aspects liés aux réalités sur le terrain africain.
“Il faut s’attendre alors à avoir le nano crédit digital par exemple. Ensuite de favoriser ce que j’appelle le W-commerce avec le catalog Product. Tout en insistant sur l’inclusion financière et prévoir que l’application de messagerie ait une bande passante faible”.
Une arrivée mouvementée mais profitable à la Fintech africaine
Mais avant cela, il faudrait une analyse approfondie sur la supposée arrivée de Facebook en Afrique en tant que Opérateur de transfert d’argent.
« Cela me semble difficile à court terme parce que la BCEAO pourrait faire bloc pour l’empêcher de rentrer. Maintenant s’ils rentrent, ils auront les moyens de faire très mal à l’ensemble du marché parce qu’ils ont les moyens d’offrir des services qui sont fournis par l’écosystème des Fintech à des tarifs plus intéressants » souligne Emmanuel Bocquet, consultant digitale très respecté dans l’écosystème.
Un avis partagé par Ababacar DEME, Directeur de Opay pour l’Afrique Francophone. Le consultant en Finance Digitale pense que : « ce qui est important et intéressant pour l’Afrique est d’augmenter l’inclusion financière, de permettre à chaque Africain d’avoir accès à internet aux services financiers qui touchent les assurances, banques, etc.« .
Pour lui : « tant que WhatsApp se cantonne à être un interconnecteur des différents opérateurs de l’écosystème, elle pourra l’aider à être plus fluide. Ce qui nous amène à l’interopérabilité qui est une grande opportunité pour l’Afrique. »
Cependant, la question reste assez complexe pour Olivier ONA, surtout pour les pays de la zone CEMAC qui sont en pleine prise de conscience collective et qui découvrent l’apport du numérique dans leurs habitudes.
Parler de paiements via WhatsApp revient à parler de la cryptomonnaie de Facebook donc de la Libra. Quelles opportunités pour l’Afrique? Récemment, je lisais un rapport de la Banque mondiale qui disait que le coût de l’envoi d’argent liquide en Afrique subsaharienne était l’un des plus élevés au monde soit environ 19$ US de frais pour 200$ US d’envoi (9,5%). En plus de payer ce coût élevé, à cela, nous devons rajouter le déplacement en agence pour ce service » dixit le conférencier et blogueur en analyse d’écosystèmes Tech.
Lors d’un F8, Mark avait stipulé que son challenge est la connectivité pour tous. Ceci sous-entend que le manque de connexion dans les zones les plus reculées ne constituera point un frein pour le développement des services et produits de Facebook Inc.
“Libra, facilitera les paiements depuis un smartphone via WhatsApp. Peu importe votre lieu de résidence vous pourrez envoyer ou recevoir de l’argent. C’est également une aubaine pour les PME et autres startups qui ont du mal à intégrer l’API des opérateurs de téléphonie mobile dans leur circuit de vente.” explique Olivier
Selon lui, Libra est une belle idée de façon idéologique au vue de notre faible taux de bancarisation mais elle rencontrera d’énormes difficultés dans son application.
« Mais au regard de l’instabilité du réseau internet dans nos pays respectifs, il sera difficile de profiter de tous les avantages de ce nouveau moyen de paiement. En somme l’arrivée de la Libra pourrait être un catalyseur et permettra d’élargir les offres disponibles sur nos marchés largement dominés par des systèmes archaïques” précise le formateur.