Africa Web Festival (AWF) est un rendez-vous incontournable des acteurs du numérique. Cet évènement annuel s’est tenu à Abidjan, la capitale ivoirienne du 21 au 23 novembre 2019. Pour cette 6ème édition placée sous le thème « Accélérer la numérisation de l’Afrique : enjeux et perspectives », une délégation de trois jeunes entrepreneurs ont représenté le Burkina Faso. Nous avons rencontré Wangnin Zerbo, Promoteur du Programme Tic au Faso (PROTAF) et chef de la délégation burkinabè, pour parler de l’évènement.
TM : Vous avez été aux côtés de deux autres jeunes entrepreneurs pour représenter le Burkina Faso à l’évènement Africa Web Festival 2019 à Abidjan, parlez-nous de cette expérience ?
W.Z : Déjà en 2014, j’avais été sollicité par la fondatrice de l’évènement pour prendre part à la première édition de AWF. J’avais été retenu comme jeune entrepreneur social burkinabè grâce aux efforts que je fournissais pour vulgariser les TIC dans les milieux reculés. Pour cela j’ai été un ambassadeur de l’évènement au Burkina.
Pour la 6ème édition, la fondatrice m’a contacté pour y prendre part avec une délégation de quatre (4) personnes (malheureusement une personne n’a pas pu prendre part à l’évènement puisque nous étions 3 au final). Les critères de sélection des jeunes entrepreneurs étaient basés sur l’entreprenariat, l’innovation et la créativité. J’ai donc constitué une délégation élite pour relever le défi de cette édition.
TM : En quoi à consister concrètement votre participation à l’évènement ?
W.Z : Avec pour thème « Accélérer la numérisation de l’Afrique », nous devions apporter une feuille de route, apporter des compétences tout autant que les autres participants. Nous avions pour mission d’apporter une expertise clé et pour cela nous avons participé à beaucoup d’activités. Des communications avec les autorités aux partages d’expériences avec les jeunes et les débats, nous avons apporté cette base de réflexion pour la numérisation de l’Afrique.
Moi, étant spécialisé dans les « smart cities » car ayant beaucoup tourné dans plusieurs communes, j’ai eu à échanger avec des autorités communales ivoiriennes sur la question. Kévin Kaboré, Directeur Général du Groupe Kyba, qui faisait également partie de la délégation est spécialisé dans la tropicalisation des systèmes (comment personnaliser les systèmes européens et les adapter à nos besoins africains). Lionel Ilboudo, également membre de la délégation est du domaine de la formation (renforcer les capacités des personnes). Chacun de nous à participer à l’évènement selon son domaine.
TM : Africa Web Festival est un rendez-vous des acteurs du numérique de l’Afrique, quels sont les opportunités qu’un tel évènement peut offrir à un jeune entrepreneur comme vous ?
W.Z : Le premier apport d’un tel évènement c’est le carnet d’adresses, entendez par là les relations (amicales et professionnelles) que l’on tisse, le réseau que l’on se constitue. Cette édition nous a vraiment mis en valeur et cela a permis à beaucoup d’entrepreneurs et d’autorités de nous approcher. Egalement cet évènement nous fait gagner en notoriété car on y rencontre des partenaires. Cette édition nous a permis de bénéficier de la reconnaissance de la ville de Montréal.
En bref, un tel évènement nous fait gagner en notoriété, renforce notre réseau et nous offre la possibilité de rencontrer des partenaires.
TM : Selon vous, quels sont les enjeux et perspectives de la numérisation de l’Afrique, thème choisi pour cette 6ème édition de AWF ?
W.Z : Pour ce qui est des enjeux et perspectives de la numérisation de l’Afrique, ils sont énormes. L’Afrique accuse un grand retard et le numérique est la seule alternative pour rattraper ce retard. D’abord, notre regain économique est basé sur la numérisation parce que cela nous permettra de disposer de services de qualité à moindre coûts ; ce qui augmentera également la production, la productivité et la compétitivité. La deuxième chose, c’est notre fluidité et notre efficacité administrative. Avec la numérisation, nous serons en mesure de rattraper ce que j’appellerai ce retard de fonctionnement dont l’Afrique est victime et tout ce qui freine les services administratifs. Le Directeur Général des Impôts du Burkina a été gratifié par un trophée lors de la Semaine Numérique 2019 pour avoir engagé une démarche de numérisation des services des impôts. Cet acte démontre à quel point l’enjeu est important pour l’Afrique car c’est l’unique alternative pour nous de résorber tous ce que nous avons comme retard et insuffisances de fonctionnement et d’efficience.
Si on a été contacté pour la 6ème édition de Africa Web Festival, c’est parce qu’ils ont compris que les petits efforts que nous réalisons sont importants et l’impact est grand. L’action que je pose, moi, est fondamentalement basée sur le fait de l’importance des enjeux de la numérisation en Afrique.
Je suis pour le fait qu’on aille à la source, qu’on permette à tous les burkinabè de base, les africains de base c’est-à-dire les agriculteurs qui sont le fondement de notre développement à d’abord s’intéresser au numérique, à l’assimiler et à l’intégrer. Les enjeux sont important et nous ne pouvons pas tolérer aujourd’hui surtout avec cette facilité, la créativité et l’ingéniosité des jeunes africains que nous ne rattrapions pas le retard avec le numérique. Cette édition de Africa Web Festival vient conforter cela et jeter les bases pour l’entame d’une tournée afin de déclencher une numérisation de l’Afrique.
TM : Entre conférences, débats thématiques, rencontres… quels ont été les moments forts qui vous ont marqué durant le festival ?
W.Z : Ce qui m’a le plus marqué, c’est le moment où j’ai animé le « salon de l’innovation ». Cela consistait d’animer par visioconférence et de permettre au monde entier d’être là à Abidjan avec nous pour le festival. Grâce à cette visioconférence, nous avons également pu faire visiter les stands du festival aux burkinabè présents à la Semaine du Numérique à Bobo-Dioulasso et nous avons pu également par ricochet visiter les stands de la SN2019 et communiquer avec les exposants. J’ai également donné des formations en logiciels libres et en entreprenariat.
TM : On parle d’entreprenariat, d’innovation des jeunes mais que faut-il faire pour accompagner ces jeunes dans leurs entreprises ?
W.Z : Le succès de l’entreprise des jeunes dépend d’abord de leur motivation et leur vision. Ceux qui réussissent dans l’entreprenariat sont ceux qui ont une vision, qui veulent apporter quelque chose à la société et non ceux qui veulent entreprendre juste pour de l’argent. La meilleure aide c’est d’abord les moyens qu’ils se donnent eux-mêmes.
Ensuite, comme aide extérieure, c’est d’offrir à ces jeunes un environnement propice pour la réalisation de leur entreprise. Pour moi, le véritable frein à l’entreprenariat des jeunes est la mal gestion, la mauvaise gouvernance. Il faut donc que les politiques créent les conditions adéquates pour permettre aux jeunes d’entreprendre. Tout ce qu’il faut c’est une bonne gouvernance et une bonne gestion.
TM : Si vous aviez un conseil à donner aux jeunes entrepreneurs comme vous, quel serait ce conseil ?
W.Z : En ce qui concerne de l’entreprise, il n’y a pas de conseil, pas de route tracée. C’est comme la vie et chacun fait son expérience privée. On fait son expérience puis on la partage et une personne peut s’en inspirer. Le succès n’a pas de modèle fixe.
Le seul conseil que l’on peut donner à une personne qui entreprend c’est de croire en elle, d’écouter son cœur et de ne pas baisser les bras. Pour mon expérience, un entrepreneur vaut un autre entrepreneur. Je peux juste dire aux jeunes qui sont dans l’entreprenariat que ce qui compte c’est leur volonté à apporter quelque chose à l’humanité et rien ne doit les empêcher.
TIC MAGAZINE BF
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