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Droit et Numérique en Afrique: Interview de Cédric Dubucq, Président de LexAfrika

Qu’est-ce que Lexafrika ?

Lexafrika est une legaltech qui a vocation à proposer des actes juridiques répondant aux besoins des entrepreneurs.

C’est un service de rédaction de documents juridiques pour tous les entrepreneurs, TPE, PME, start-up à des tarifs très intéressants, généralement dix fois inférieurs à ceux pratiqués par avocats mandatés en direct.

Les actes en question vont de la création d’entreprise à des levées de fonds en passant par des recrutements de salariés, des pactes d’associés, des accords de confidentialité.

Concrètement, lorsqu’un entrepreneur a besoin d’un document, il utilise la plateforme, choisit l’acte dont il a besoin, remplit les champs au fur et à mesure, puis télécharge son acte au format word ou pdf.

L’entrepreneur reçoit son document juridique, fiable efficace, et conforme aux évolutions législatives.

Il peut ensuite appeler un avocat disponible dans son pays pour que ce dernier réponde si nécessaire à des questions inhérentes à l’acte ou à toute autre problématique juridique. Grâce à la qualité de l’acte juridique, le temps passé avec le conseil est optimisé, permettant de facto une facturation allégée et adaptée.

Comment cette idée vous est-elle venue ?

C.D : Nous sommes des avocats passionnés par l’innovation et l’entreprenariat.

Ceci étant, et à la faveur de nombreuses expériences juridiques africaines, je me suis souvent retrouvé assez perplexe devant la complexité légale et administrative. Il devenait impératif de sécuriser cet ensemble, et de le simplifier.

Nous avions envie de créer une plateforme facilitant l’accès au droit OHADA, afin que l’avocat puisse jouer son rôle de conseil dans la stratégie juridique et apporter une plus-value incontestable.

Nous avons commencé à voir émerger aux Etats unis et en Europe quelques d’outils pour négocier les contrats à destination des entreprises.

En tant qu’avocats, nous avons pris conscience du besoin qui existait en matière de rédaction d’acte.

Avec l’intelligence artificielle, l’automatisation, et des modèles d’actes de très haute qualité, nous avons fait de ce projet une réalité.

A qui vous adressez vous ?

En Afrique, et dans le monde en général, le système est réfléchi pour les très grandes entreprises, qui ont les moyens de se défendre. Nous nous adressons à la très large majorité de sociétés trop souvent oubliées.

Avec une triple promesse : la simplicité, la qualité et des prix raisonnables

Votre plateforme s’adresse-t-elle aux avocats ?

L’idée est de confier aux avocats sensibles à cette forme de révolution juridique, et de leur confier ce marché parfois délaissé, et parfois confié aux experts comptables qui sont avant tout des hommes de chiffre.

Nos avocats partenaires n’ont pas la nécessité d’avoir de grands bureaux, des couts de structure importants, puisque le « secrétariat » classique est géré notre site. Par conséquent, nos avocats acceptent de réduire leurs honoraires de 25%, pour accomplir les diligences nécessaires, et surtout de ne jamais facturé le premier appel d’environ 30 minutes.

Notre volonté est d’interpeller les entrepreneurs sur l’utilisation de modèles gratuits ou quasi-gratuit proposés par certains sites sans passer par un avocat, peut se révéler très dangereuse. Le modeste coût de notre service est gage de qualité, et permet ainsi d’éviter les mauvaises surprises.

Nous allons nous adresser directement aux cabinets d’avocats d’affaires, dont certains nous ont déjà sollicités, en leur permettant d’augmenter leur compétitivité et par conséquent accroitre leur marge.

C’est du Win Win, puisque l’avocat gagne du temps une fois que l’acte est rédigé, et l’entrepreneur bénéficie d’un avocat à un coût réduit, tout en gardant la qualité du travail effectué.

Quelle a été la réaction des avocats face à ce projet innovant ?

La plupart des avocats que nous avons contactés ont tout de suite adhéré au projet.

En définitive, le logiciel se charge des prestations à faible valeur ajoutées pour que l’avocat n’ait plus qu’à se concentrer sur sa réelle plus-value, permettant au client de mieux comprendre les modalités de facturation de son conseil.

Nous ne sommes cependant pas naïfs, et nous savons qu’il existe aussi des avocats qui ont plus de difficulté avec l’évolution de notre profession, et qui pourraient être plus réticents à l’automatisation des actes juridiques.

Quelles sont les prochaines étapes du site ?

Nous avons déjà, avant que le site ne soit mis en ligne, environ 500 demandes d’entrepreneurs qui ont passé commande.

Une centaine d’avocats a déjà candidaté pour bénéficier de la visibilité que Lexafrika leur offrira en intégrant le réseau novateur et séduisant : « l’Avocat Vous Répond ».

Le lancement de la plateforme est programmé pour le mois d’octobre, avec une cinquantaine d’actes juridiques dès à présent et plus de 150 d’ici 2018.

Qui êtes-vous en quelques lignes ?

CD (président) : Je suis Avocat, ancien secrétaire de la conférence, j’ai fondé la Clinique du droit des affaires.

J’ai également fondé en 2013 avec des professeurs de droit français et africains l’Association favorisant la Recherche et le Développement du Droit des Affaires en Afrique.

DYF (directeur général) : « J’ai déjà souffert de payer 2.000 euros un avocat quand nous avons créé une première société de communication il y a 6 ans“.

TB (business manager)

PHB (développement international)

Quel est votre concept ?

Nous proposons via Lexafrika tous les documents juridiques dont les start-up / TPE / PME ont besoin pour créer et développer leur activité.

Notre spécificité est de proposer ces documents rédigés par des avocats et personnalisés par l’entrepreneur à des prix adaptés (10 fois moins chers en moyenne).

Nous avons créé et développé un logiciel de génération de documents permettant de gagner beaucoup de temps en préparant une première version du document basée sur les réponses de l’entreprise à un questionnaire en ligne.

Cette première version peut suffire en soi.

Ceci étant, partant de cette première version, le client peut appeler un avocat qui conseille son client par téléphone, personnalise le document pour le rendre entièrement sur-mesure. De cette manière, nous faisons gagner du temps et de l’argent à l’entreprise en frais juridiques.

Quelle est l’origine de votre idée?

En tant qu’avocats, nous avons à cœur de ne consacrer du temps qu’à la plus-value qu’attend le client.

Le recevoir, lui faire signer une convention d’honoraire, collecter quelques documents standards, et remplir un modèle représente finalement une grande partie du temps, qui est légitimement facturé.

Nous avons décidé de compresser toute cette phase, et de permettre ensuite à l’avocat de conseiller son client une fois l’acte rédigé, d’étudier l’opportunité ou l’utilité des différentes clauses.

L’idée est finalement de permettre à tous les entrepreneurs d’avoir accès à des actes de très haute qualité, à des couts fixes et faibles, et de simplifier les démarches administratives.

Grâce aux nouvelles technologies et après avoir validé notre concept auprès des entrepreneurs concernés, Lexafrika est né.

En quoi votre projet peut-il être qualifié de révolution juridique ?

Les deux tiers des entrepreneurs que nous avons rencontrés nous ont confié que les honoraires des avocats pour des actes juridiques de haute qualité leur paraissaient prohibitifs.

Donc, de deux choses l’une :

– soit les clients acceptaient de régler au prix fort les honoraires de leurs conseil, au détriment des investissements opérationnels ;

– soit ils se privent des services d’un avocat et sont contraints de se débrouiller seul en transformant parfois maladroitement des documents juridiques souvent inadaptés, ce qui générera un risque juridique future très élevé. Ces actes peuvent mettre en péril l’activité, ils sont fournis sans accompagnement ni explication, et se doivent d’être personnalisés pour trouver une efficacité et un sens.

Forts de ce constat, les associés fondateurs de Lexafrica ont eu l’idée d’une start-up qui aiderait les petites et moyennes entreprises en leur fournissant les documents juridiques dont elles ont besoin, sur internet, à faible coût, en peu de temps.

Quel sont vos objectifs à moyen et long terme ?

Nous souhaitons nous imposer comme la référence du marché. A ce jour, nous n’avons pas d’équivalent offrant cette triple promesse : la simplicité, la qualité, et des prix raisonnables.

Nous ne sommes pas la transposition d’une plateforme qui existerait déjà en Europe ou aux états unis, et notre service est exclusivement conçu et dédié pour l’Afrique.

Nous aspirons d’accompagner plus de 5 millions d’utilisateurs à l’issue de l’année 2018 en générant environ 12 millions de documents. Nous espérons, dans cinq ans, convaincre environ 20 millions de chefs d’entreprises. Notre fierté serait surtout, grâce à cette offre, de développer l’entreprenariat africains trop souvent confronté aux obstacles juridiques et à la paperasse administrative.

Comment m’aideriez-vous à créer ma start up?

Nous développons, avec nos avocats, des palettes de documents qui peuvent se regrouper.

Par exemple des offres spécifiques aux chauffeurs VTC, des pactes d’associés et CGV (conditions générales de vente) pour les start-ups du web, des statuts de SAS pour les créateurs, des CDI pour les restaurateurs, des contrats de prestations de services pour les sociétés de service… Nous concentrons nos efforts, avec certains chefs d’entreprise africains, pour continuellement enrichir notre gamme d’actes et ainsi couvrir tous les besoins juridiques des entreprises.

Notre offre s’étend des contrats commerciaux, aux mises en demeure, en passant par les contrats d’embauche, le dépôt de marques ou les opérations de financement

Comment arrivez-vous à anticiper les besoins des entrepreneurs africains ?

La réussite de notre service passe par la mise en place de partenariat avec des sites, des chefs d’entreprises, des avocats, des notaires, et des syndicats professionnels ou des groupements.

A ce titre, une soirée exceptionnelle de lancement de notre plateforme est prévue le 24 novembre prochain à Saly, au cœur d’une conférence organisée par nos soins, regroupant l’élite africaine des start-ups et des nouvelles technologies.

Tribune Justice

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