Et si le futur du Web ne passait plus par Google, mais par une conversation ? C’est le pari ambitieux d’OpenAI, qui veut faire de ChatGPT non plus seulement un assistant d’IA, mais le cœur d’un nouvel écosystème numérique, capable de remplacer les moteurs de recherche, les navigateurs et même certaines applications.
Depuis le lancement de GPT-5, la vision d’OpenAI s’est clarifiée : ChatGPT devient une interface universelle entre l’humain et Internet. Dans un contexte où l’intelligence artificielle bouleverse les usages numériques, l’entreprise fondée par Sam Altman entend transformer la manière dont nous explorons, consommons et produisons l’information en ligne.
ChatGPT, un nouveau portail pour tout faire
Oubliez les onglets, les clics et les formulaires : le Web du futur selon OpenAI se consulte en parlant. La dernière version de ChatGPT intègre désormais des fonctionnalités de recherche en temps réel, un navigateur intégré et une mémoire persistante permettant à l’assistant de se souvenir des préférences de l’utilisateur.
Autrement dit, ChatGPT devient un point d’accès personnalisé à l’ensemble du Web. Il peut planifier un voyage, réserver un vol, rédiger un contrat, générer une image ou synthétiser les dernières actualités — le tout sans quitter la conversation. OpenAI y voit une alternative fluide et naturelle à la navigation classique.
Cette stratégie s’inscrit dans une guerre d’écosystèmes : après Google et son Search Generative Experience, Microsoft avec Copilot, et Anthropic avec Claude, OpenAI veut être celui qui réinvente la recherche et la consultation d’informations à travers le dialogue.
Vers un “Web conversationnel”
Ce que propose OpenAI, c’est une mutation du Web vers un modèle conversationnel. Plutôt que de parcourir des pages, l’utilisateur interagit avec une IA capable de comprendre le contexte, d’analyser les sources et de formuler des réponses argumentées.
Cette approche bouleverse le paradigme même du référencement. Dans un monde dominé par ChatGPT, les sites Web cessent d’être des destinations : ils deviennent des sources de données structurées que l’IA interroge et synthétise. L’enjeu pour les éditeurs sera donc de rendre leur contenu lisible par les modèles d’IA pour exister dans ce nouvel écosystème.
OpenAI travaille déjà avec plusieurs médias et éditeurs pour créer un Web “IA-compatible”, où chaque contenu est accompagné de métadonnées, de licences et de signatures numériques garantissant la traçabilité de l’information.
Un écosystème ouvert, mais sous contrôle
Avec l’introduction du GPT Store, OpenAI pousse encore plus loin son ambition. Ce magasin d’applications conversationnelles permet à n’importe quel développeur, entreprise ou créateur de concevoir un “mini-ChatGPT” spécialisé : assistant juridique, coach sportif, moteur de veille, conseiller RH… L’idée est de transformer ChatGPT en plateforme centrale du Web, où chaque interaction devient un service.
Mais derrière cette ouverture se cache une centralisation sans précédent. Si ChatGPT devient le guichet unique de l’Internet, OpenAI contrôlerait non seulement l’accès à l’information, mais aussi les canaux économiques associés. Certains experts évoquent déjà un “effet Apple” : un Web fluide, performant et sécurisé, mais étroitement verrouillé par une entreprise privée.
Les enjeux éthiques et géopolitiques d’un Web piloté par l’IA
Cette transformation soulève d’importantes questions de gouvernance. Qui décide de ce que ChatGPT affiche, recommande ou ignore ? Comment garantir la pluralité des sources dans un système dominé par un modèle unique d’intelligence artificielle ?
L’Union européenne, qui finalise son AI Act, surveille de près cette évolution. En Afrique, où ChatGPT connaît une adoption rapide dans les secteurs de l’éducation, des médias et de l’e-commerce, plusieurs voix appellent à préserver la souveraineté numérique et à développer des IA locales capables d’interagir avec le Web africain dans ses langues et ses contextes spécifiques.
Une révolution déjà en marche
En réalité, OpenAI ne parle plus simplement d’un assistant, mais d’une nouvelle couche d’Internet : un “Web cognitif” capable de comprendre et de raisonner, plutôt que de simplement afficher. L’utilisateur ne navigue plus dans l’information, il dialogue avec la connaissance.
Cette vision, aussi fascinante qu’inquiétante, redessine les frontières entre humains et machines. ChatGPT n’est plus un outil : il devient une interface civilisationnelle. La question n’est plus de savoir si OpenAI réussira à faire de ChatGPT le centre du Web, mais si nous sommes prêts à confier notre rapport au monde numérique à une seule intelligence.
Sources : OpenAI Blog (septembre 2025), The Verge, Wired, MIT Technology Review, TechCrunch, Financial Times, European AI Observatory.