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Les TIC, une priorité pour les pays en voie de développement?

L’apport des TIC (Technologies de L‘Information et de la Communication) dans le développement socio-économique des pays pauvres semble, hélas, souvent sous-estimé s’il n’est pas purement et simplement ignoré. Alors que les experts en économie numérique s’accordent sur l’incidence remarquable des TIC sur la prospérité des différents pays, certains citoyens, moins avertis peut-être, sont enclins à penser qu’investir dans la promotion des TIC est un luxe sans utilité. Mieux, certains gouvernants pourraient se dire : « On n’a trop de priorités pour penser aux TIC ». La question ici soulevée est la nécessité des TIC dans les pays en voie de développement, pays où tout ou presque est prioritaire. Ces technologies sont-elles un luxe qu’il faut laisser les nations les plus puissantes se permettre ou au contraire, en tant que pays en voie de développement, peut-on les inscrire sur la carte de nos priorités, leur donner l’attention qu’il faut et leur affecter les ressources qu’il faut ?

L’un des principaux traits caractéristiques des pays en voie de développement comme les nôtres est que tout y est prioritaire. Par exemple dans nos pays l’éducation est prioritaire, le système éducatif étant confronté à diverses difficultés. Dans un tel contexte, promouvoir les TIC devient le cadet des soucis des dirigeants. La priorité, telle que nous la percevons habituellement, est alors de renforcer les infrastructures scolaires, renforcer les effectifs du personnel enseignant, améliorer leur formation et traitement salarial, etc. Aussi, dans des pays comme les nôtres, la santé est une priorité. Alors que des maladies comme le paludisme continuent de faire des victimes chaque année, que va-t-on faire avec les TIC, est-on tenté de se demander ? Par ailleurs la sécurité sur les territoires nationaux et les frontières s’avère être une priorité avec la montée fulgurante du terrorisme à notre époque. L’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, l’efficacité de l’administration, l’emploi des jeunes, l’amélioration de la condition de la femme demeurent tout aussi des priorités. Ainsi, dans ce contexte où tout est prioritaire, comment et pourquoi penser aux TIC ? La réponse à cette question pourrait se décliner en au moins deux points.

Premièrement, il y a une indéniable corrélation entre les TIC et tous les domaines ou secteurs considérés comme des priorités « classiques ». Cette relation est visible lorsque des sites web proposent des cours qui aident les élèves ou étudiants à compléter ou approfondir les connaissances acquises en classe. Elle est aussi manifeste quand un agriculteur peut consulter-via une application mobile telle que Esoko (utilisés dans plusieurs pays africains) ou Rural eMarket (utilisé principalement à Madagascar)-le cours des produits agricoles sur les différents marchés afin de vendre sa production sur le marché le plus rentable. La corrélation entre TIC et santé, quant à elle, se perçoit à travers des possibilités telles que celle de recevoir un diagnostic à partir de son smartphone comme c’est le cas avec l’application mobile MedAfrica ou à travers des logiciels utiles comme EpiSurveyor qui est utilisé par des organisations africaines tant gouvernementales que non-gouvernementales pour la collecte et l’analyse de données d’activités de santé dans le cadre de la surveillance épidémiologique. Et les TIC ne s’arrêtent pas là; Elles ont un impact considérable sur l’emploi des jeunes vu la multitude de produits et de services que les entrepreneurs et potentiels entrepreneurs peuvent proposer en se basant sur les TIC. Et quoi de mieux que l’accès aux TIC pour permettre l’émancipation des femmes ? Ainsi, en y regardant de très près, on se rend compte qu’investir dans les TIC n’est pas synonyme de délaisser nos priorités « classiques ». Mieux, promouvoir les TIC, c’est en même temps promouvoir l’éducation, la santé, l’agriculture, l’élevage, l’emploi des jeunes, l’amélioration de la condition des femmes, etc.

Deuxièmement, nous devons nous interdire de penser que les TIC sont des accessoires dont on peut se passer d’autant plus que l’information est au cœur de toute activité. L’efficacité de tout système, qu’il soit politique, économique, administratif ou autre repose essentiellement sur l’information. Et dès que nous parlons d’information, nous ne pouvons négliger les TIC. Si nous voulons que nos entreprises gagnent en compétitivité par exemple, nous devons certes agir sur les lois régissant le climat des affaires, mais nous devons tout aussi faciliter les échanges de données entre entreprises d’une part, entre les entreprises et leur clientèle d’autre part. Et cela passe nécessairement par la promotion des TIC. En outre, en plus de toutes les reformes déjà entreprises et prévues pour booster le fonctionnement de nos administrations, si les TIC ne sont pas associées les résultats escomptés seront difficilement atteints. Par contre, l’intégration ou la vulgarisation des TIC dans l’administration ne peut qu’accroitre sa productivité. S’il est vrai que cela va impliquer des investissements importants en termes d’acquisition d’équipements informatiques, de logiciels et de formation du personnel, force de reconnaitre aussi que nos Etats vont par la suite économiser d’énormes montants. Pourront en témoigner tous ces pays qui ont pu endiguer l’épineux problème des « fonctionnaires fictifs » en ayant recours à des recensements biométriques des agents de la fonction publique, toute chose qui a eu un impact positif du moment où la masse salariale autrefois affectée aux fonctionnaires fictifs reste désormais dans les caisses de l’Etat.

En considérant tous ces éléments évoqués plus hauts on reconnaitra avec Patick EHODE, PDG de Vairified, que « les TIC en Afrique doivent être pensées comme un instrument d’utilité publique qui doit servir au plus grand nombre pour résoudre des problèmes concrets(…) ». Il ne s’agit donc pas de reléguer la question des TIC au second plan, mais bien plutôt de vulgariser ces technologies, puis de les associer aux multiples efforts déjà déployés en vue de s’attaquer aux priorités qui figurent dans les autres secteurs.

Alfred Bewindin SAWADOGO

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4 commentaires

DIAO Amara 6 février 2017 at 23 h 47 min

Très belle analyse. Merci de rappeler la nécessité du e-gov pour le 21e siècle surtout pour nos gouvernements.

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Anonyme 14 février 2017 at 13 h 00 min

Merci.Rendez-vous le mois prochain pour un autre article

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BAMBARA 11 février 2017 at 0 h 20 min

Ce texte est bien explicite et argumenté mais hélas nos pays doivent être sensibiliser pour voir les avantages des TIC. Courage Ms Sawadogo…le combat continue.

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Alfred B. SAWADOGO 6 mars 2017 at 12 h 04 min

Merci. Les TIC sont incontestablement un véritable vecteur de croissance

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