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Covid-19 : quand l’Afrique réalise l’importance d’un accès universel à Internet

Il aura fallu le coronavirus pour que la transformation numérique engagée par les Etats d’Afrique révèle ses failles saillantes. Le continent a montré son incapacité à garantir à tous la continuité d’accès à divers services essentiels tels que l’éducation, le commerce, la santé ou l’administration publique. Les nombreux ratés enregistrés témoignent à suffisance du danger latent auquel s’expose le continent s’il n’aborde pas la 4ème révolution industrielle de manière plus globalisante et inclusive. Sans un accès universel, le numérique, actuellement vanté comme futur moteur de la croissance, pourrait au contraire accentuer les clivages sociaux et nuire aux ambitions de développement socioéconomique du continent.

Ces dernières années, le secteur des TIC en Afrique a continué de croître. Dans son rapport «Capturing the fourth industrial revolution a regional and national agenda», publié en janvier 2020, Brookings Institution estime que les technologies de l’information et les services mobiles ont généré 1,7 million d’emplois directs (formels et informels) au cours des dernières années et contribué à hauteur de 144 milliards de dollars US de valeur économique (8,5% du PIB de l’Afrique subsaharienne), en plus de générer un revenu fiscal de 15,6 milliards de dollars dans les caisses publiques.

Cette croissance devrait se poursuivre comme l’estime McKinsey dans son rapport « Lions go digital: The Internet’s transformative potential in Africa». Le cabinet conseil évalue à 300 milliards de dollars US la potentielle contribution de l’Internet et des TIC au produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique d’ici 2025. Cependant, cette croissance économique portée par la révolution numérique ne concerne essentiellement que les grandes villes. La cause, le faible développement des réseaux télécoms à haut débit à travers les pays, le faible investissement dans les services numériques, l’indisponibilité de l’énergie électrique.

Si les zones urbaines bénéficient actuellement, tant bien que mal, de meilleures conditions d’accès aux trésors du numérique, il n’en est pas de même pour tous. We are Social et Hootsuite, dans leur Digital Report 2020, révèlent à suffisance que le taux de pénétration de l’Internet sur le continent n’est encore que de 34%. Soit seulement 453,2 millions de personnes sur un total de 1,38 milliard d’individus. En clair, c’est 926 800 000 individus d’une population à majorité jeune ; en quête d’un avenir meilleur; qui n’accèdent toujours pas à Internet et aux opportunités du numérique, cruciaux dans des segments essentiels tels que l’éducation, la santé, l’emploi et même de la participation citoyenne. Pourtant, le continent ; où l’accès au mobile est de plus en plus abordable ; est actuellement connecté à une multitude de câbles sous-marins de fibre optique qui représentent une vaste diversité de potentialités.

Education

Dans la majorité des études sur la transformation numérique, il n’est envisagé que son impact bénéfique sur l’éducation à travers un meilleur accès à une plus grande connaissance, permettant aux apprenants d’échanger avec des expert du monde entier, de confronter leurs savoirs, d’acquérir de nouvelles idées. L’Agence française de développement (AFD), l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), Orange et l’Unesco, dans leur étude commune intitulée « Digital services for education in Africa », montrent que les TIC dans l’éducation en général, et l’apprentissage mobile en particulier, offrent un énorme potentiel pour atteindre les exclus du système éducatif. Mais il faut toutefois préciser que la transformation numérique pourrait également porter des fruits amers car les zones rurales, abritant encore la majorité de la population africaine, demeurent largement confrontées aux problèmes d’accès à l’électricité et au réseau télécoms. Selon Unesco, en septembre 2018, 31,2% jeunes du niveau primaire, secondaire inférieur et secondaire supérieur étaient encore non scolarisés en Afrique sub-saharienne. Soit 97,5 millions de personnes.

Parmi eux, des millions de jeunes qui peinent à suivre un cursus scolaire normal, sont mis en marge des opportunités qu’offre le monde 2.0 du fait de l’enclavement de leurs zones de vie qui rebute bon nombre d’enseignants.

Le coronavirus l’a d’ailleurs mis bien mis en exergue lorsqu’il a fallu basculer vers l’école en ligne à travers le continent. De nombreux pays n’ont finalement pas pu suivre le mouvement, contraints de retourner à l’école à la télé et à la radio. Une solution utilisée dans les années 60 par plusieurs pays comme la Côte d’Ivoire, le Niger ou encore le Sénégal.

Il s’est en fait avéré que la majorité des apprenants ne pouvait pas accéder à Internet, au-delà des ratés enregistrés par les solutions éducatives mises en urgence par les gouvernements. Avec une population africaine en croissance rapide, le nombre d’exclus du système éducatif classique que pourrait réduire les TIC va plutôt croissant, accentuant inexorablement la pression sur le segment de l’emploi.

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