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D’Ebola au Covid-19, le grand décollage de la e-santé africaine

C’est peu de dire que la crise sanitaire et économique liée au Covid-19 ébranle l’Afrique à l’instar d’autres régions du monde même si les prévisions de catastrophe ne se sont pas, du moins pas encore, vérifiées sur le terrain.

Alors que le premier cas de Covid-19 a été détecté fin février au Nigeria, les derniers chiffres (au 1er janvier 2021) révèlent 2 759 313 de cas de coronavirus confirmés, dont 65 480 décès sur le continent, selon l’Africa CDC, les pays les plus touchés étant l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Maroc et l’Éthiopie. Dans les chiffres, l’Afrique pèse pour 17 % de la population mondiale mais ne représente « que » 4 % des infections et 3 % des décès dans le monde. Dans ce contexte où la vigilance s’impose plus que jamais, les professionnels africains de la santé n’ont pas suspendu une trajectoire épousée depuis un certain nombre d’années pour compenser le déficit de l’Afrique en infrastructure sanitaire et en personnel soignant (en moyenne 2 médecins pour 10 000 habitants) : celle de la e-santé.

Un environnement encourageant pour la e-santé africaine

Au regard de la situation liée au Covid-19, la e-santé apparaît véritablement comme une solution adaptée au continent au regard de ses réponses face aux défis des territoires non seulement reculés mais aussi difficiles d’accès faute de routes, de chemins de fer et d’autres infrastructures reliant les villes aux villages, les zones urbaines aux zones rurales. Certaines start-up africaines, des opérateurs télécoms et des États s’y sont lancés mettant à profit l’accessibilité d’équipements liés aux nouvelles technologies numériques et à fort taux de pénétration. C’est le cas des smartphones que possèdent 45 % des Africains si l’on en croit les derniers chiffres du rapport de la mobile economy GSMA 2020. De quoi contribuer à accélérer la production d’innovations e-santé à fort impact en direction des populations. Car dans l’environnement sanitaire et économique actuel, le secteur de la e-santé, incluant aussi bien les outils numériques que la télémédecine, les diverses plateformes de conseil, de partage ou de soutien, les applications, les objets connectés au service de la santé, etc., peut aider le continent à mieux résister sur le plan sanitaire. Et cette réalité s’est peu à peu imposée depuis un certain nombre d’années.

Le tremplin de l’épidémie d’Ebola

La flambée de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest, qui a débuté en décembre 2013 pour s’achever en mars 2016 (causant plus de 11 000 victimes ? principalement en Afrique de l’Ouest), a été la première épidémie à entraîner, à large échelle, l’utilisation des nouveaux outils numériques. À commencer par l’apparition dès 2014 au Nigeria, au Liberia ou en Guinée d’applications mobiles (que l’on télécharge sur le téléphone) ainsi que des solutions USSD (pour recevoir des SMS) visant à informer et sensibiliser les populations sur les gestes barrières contre le virus Ebola. Cela s’est fait dans des zones où, parallèlement à la propagation de rumeurs et de fausses informations qui est un véritable fléau, les notions d’hygiène et de prévention sanitaire sont à renforcer. Le plus souvent avec le soutien des opérateurs télécom locaux.

D’autres applications mobiles vont fleurir pour favoriser le partage d’information entre pairs, précieux en temps de crise. C’est ainsi qu’est conçue en 2014 la campagne de communication « SurvivedEbola », qui va s’appuyer sur un site Internet et une application mobile interactive pour permettre de donner la voix aux survivants d’Ebola. Ces derniers vont ainsi pouvoir transmettre des conseils, informer le monde des difficultés de leur lutte et de leur rétablissement mais également pouvoir se connecter entre eux.

L’étape cruciale des diagnostics

Un autre type d’application va permettre de proposer des diagnostics aux cas suspects d’Ebola. La première initiative de ce type sera celle de CommCare ? fruit d’un partenariat technologique entre le gouvernement de la Guinée-Conakry, l’université de Columbia et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) ? un développement open source qui va équiper les soignants communautaires dans leurs tournées de santé pour leur permettre de consigner les symptômes observés sur le terrain, tout en les géolocalisant sur la carte. Ainsi, non seulement le suivi des cas en zone rurale ? où l’adressage n’est pas possible ? s’en trouve facilité, mais l’ensemble des données va être remontée aux autorités de santé qui pourront les exploiter pour une meilleure gestion de la crise. L’application aura permis de recueillir plus de 2 000 signalements dès les trente premiers jours de sa mise en service et faire remonter les informations aux autorités de santé guinéennes.

Les start-up africaines de la e-santé séduisent les investisseurs

Depuis la période de la pandémie Ebola, le nombre de start-up africaines du secteur healthtech augmente d’année en année de manière considérable : + 56,6 % entre 2017 et 2020, prouvant d’autant plus l’enjeu pour le continent et l’intérêt indéniable des investisseurs internationaux pour la tech africaine en cette année 2020. Soulignons, par exemple, que plus de 90 millions de dollars ont déjà été investis sur les start-up de la e-santé, uniquement sur le premier semestre 2020, c’est-à-dire au c?ur de la crise épidémique. Citons les exemples des start-up nigérianes Helium Health (qui digitalise les dossiers médicaux et propose des solutions de télémédecine) et 54Genes qui ont levé respectivement 10 millions et 15 millions de dollars US en pleine crise du Covid-19, respectivement en avril et mai 2020. Autre levée marquante : la ghanéenne mPharma, qui a permis de mettre en relation les 400 pharmacies de son réseau ghanéen et leurs patients de manière digitalisée pendant le confinement, a attiré la bagatelle de 17 millions de dollars US fin mai 2020.

Foison d’initiatives d’accompagnement

En parallèle, les compétitions et programmes d’accompagnement de start-up africaines fleurissent, au niveau national ou continental, tout comme les programmes d’incubation et d’accélération, non seulement locaux avec la multiplication des Tech Hubs, mais également pilotés par des bailleurs et des entreprises corporate internationales. Tous ces programmes, qui ont pour objectif d’accompagner le développement de ces start-up et de participer à leur rayonnement national et international, montrent en creux un intérêt généralisé et croissant pour la tech africaine autour de laquelle on voit arriver toujours plus de grands noms de la finance internationale. En effet, les initiatives entrepreneuriales africaines méritent d’être saluées et ont surtout le potentiel d’inspirer les autres continents.

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