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E-learning/e-formation au BURKINA FASO: lessons learned! (Première partie)

Le développement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) a entraîné de nombreux changements dans plusieurs secteurs tels que l’administration, les finances, la santé, etc. L’éducation également a connu et continue de connaître des évolutions tant du point de vue des enseignant(e)s que des apprenant(e)s avec l’émergence notamment de l’e-learning.

TIC Magazine a voulu en savoir plus sur l’e-learning et l’e-formation au Burkina Faso. Nous nous sommes donc approché de trois (03) grands acteurs et experts dans le domaine.  Nous vous proposons in extinso leurs interventions, en trois (03) parties:

TIC Magazine BF : Dr Ouédraogo, pouvez-vous nous présenter brièvement l’Organisation pour la Promotion de l’Education Nationale (OPEN) ?
Dr Ouédraogo : Les technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent un puissant outil pour réduire le fossé grandissant dans le secteur de l’éducation. OPEN Education considère les TIC comme un énorme potentiel pour l’atteinte de son objectif principal qui est l’éducation de qualité pour tous. Les TIC contribuent à l’accès universel de connaissances, à réduire les inégalités, la formation pratique ainsi que le développement professionnel des enseignant(e)s et cela à moindre coût.

Pour ce faire OPEN Education a entrepris depuis 2011 avec le soutien de différents partenaires, la numérisation de toute la documentation relative aux différentes classes du CP1 à la terminale pour l’enseignement général et de la seconde à la terminale pour l’enseignement technique. Ce travail a été fait en collaboration avec les établissements catholiques à savoir le Collège St Jean Baptiste de la Salle, le Collège Saint Viateur, les Petits Séminaires de Pabré et Saint Cyprien de Kaya. Le choix de ces établissements est dû à la qualité de leur enseignement et des excellents résultats engrangés par ces établissements scolaires. Cela a permis de numériser une base importante de donnée pour toutes les classes. Dans le souci de rentre cette base de donnée accessible à tous et à moindre coût, OPEN met à la disposition des élèves et étudiant(e)s une plateforme virtuelle qui leur permet d’avoir accès aux cours, devoirs, examens, exposés, livres ainsi qu’à une documentation de qualité sur toutes les matières. Ces documents sont téléchargeables gratuitement sur le site à travers la rubrique OPEN Library 

Cependant le difficile accès à l’internet entraine des limitations pour le monde rural. Dans l’optique de faciliter l’accès à toutes les couches les plus défavorisées de la population à une éducation de qualité et à moindre cout, OPEN a développé des mécanismes pour le monde rural. D’où la nécessité de trouver un autre canal pour rendre la documentation numérique accessible à tous. C’est dans cette optique que l’option version offline du site web sur support SD Card et Clé USB a vu le jour.

TIC Magazine BF : Dans quel contexte avez-vous développé le projet ? Après 7 années de fonctionnement quel bilan peut-on faire des documents disponibles et de la fréquentation de la plateforme ?
Dr Ouédraogo : OPEN a été créée en 2010 pendant mes études en Angleterre en collaboration avec des amis Burkinabè, hollandais et anglais qui ont à cœur d’apporter leur pierre à l’édification du BURKINA FASO. « L’éducation comme source de richesse », c’est la foi de tous ceux qui ont partagé l’idée de la création de l’Organisation pour la promotion de l’éducation nationale (OPEN).

Il faut reconnaitre que sur le plan local on a rencontré beaucoup de difficultés car la majorité de nos interlocuteurs ne voyait pas la portée du projet et pensait que le BURKINA FASO est trop pauvre pour se payer le luxe d’intégrer les TIC dans l’éducation. Ce fut donc un parcours du combattant car jusqu’à nos jours la grande majorité de nos financements sont toujours externes au BURKINA FASO mais nous avons bon espoir que cette courbe sera reversée.

Après 7 ans notre organisation a pu mettre en place une base importante de données éducationnelles. Cette documentation est de plusieurs types :

  • Les cours de toutes les matières et de toutes les classes du CP1 à la Terminale pour l’enseignement général et technique (en format PDF) ;
  • Les anciens devoirs et examens de toutes les matières et de toutes les classes du CP1 à la Terminale pour l’enseignement général et technique (Plus 10 000 devoirs et examens en format PDF) ;
  • Les anciens devoirs d’université dans les facultés de droit et d’économie de la première à la troisième année ;
  • La sécurisation de tous les fichiers PDF avec le logiciel (LockLizard);
  • Une base de plus 5000 livres de tout ordre (Roman, littérature, poésie, contes et nouvelles, bande dessinées, technique, jeunesse etc. en format PDF) ;
  • Des vidéos de professeur(e)s expérimenté(e)s, expliquant avec une grande pédagogie les concepts difficiles des cours de mathématiques, de biologie et d’économie (600 vidéos mp4) ;
  • Wikipédia offline en français, anglais et allemand ;
  • Wikitionary offline en français, anglais et allemand ;

De plus, OPEN a effectué plusieurs sorties dans les 13 régions avec à la clé la distribution de plus de 200 tablettes, 500 SD Cards et plus de 500 lampes solaires Wakawaka dans plusieurs écoles, lycées et collèges en milieu urbain et dans les régions reculées durant la phase pilote. Ce travail a pu se faire grâce au soutien indéfectible de nos volontaires et de nos amis Hollandais et Anglais qui n’ont ménagé aucuns efforts pour permettre à OPEN d’être utilement au service des plus démunis. C’est ainsi que OPEN EDUCATION dispose d’un siège à la Patte d’Oie et d’un personnel dynamique.

Le personnel se compose comme suit :

  • Personnel permanent : 13
  • Enseignant(e)s : 20
  • Personnel d’appui : 30

OPEN dispose de points focaux dans les 13 régions du BURKINA FASO et aussi dans les pays voisins comme la Cote d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Benin, le Ghana et le Togo. Ce réseau de personne ressources permet à OPEN de consolider sa base de donnée et de peaufiner sa stratégie de pénétration du marché sous régional.
Le site www.openeducationbf.com a une très bonne fréquentation avec plus d’un million de visites sur le site depuis sa création. Cela s’est fait sans publicité autour du site. OPEN a pu nouer quelques partenariats récemment et cela va indéniablement booster son impact sur le monde scolaire et estudiantin. Au titre des partenariats nous pouvons citer Orange Burkina, APESS (Association pour la Promotion de l’Elevage au Sahel et en Savane), la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), OIF (Organisation internationale de la Francophonie), le MENA (Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation du BURKINA FASO) etc.
Le bilan est satisfaisant et les perspectives sont encore meilleurs car les multiples soutiens se font jour.

TIC Magazine BF : M. N’Do, que pouuvez-vous nous dire quant à la définition même du e-learning. Qu’est-ce que concrètement le e-learning ?
M. N’DO : Le e-learning est l’abréviation de l’anglais « electronics learning » ce qui correspond à l’apprentissage par les Technologies de l’Information et de la Communication. Ce mode d’apprentissage est en générale utilisé pour la formation en ligne à distance, un établissement proposant une formation en ligne utilise une plateforme en ligne sur laquelle les apprenant(e)s se connectent via leurs ordinateurs, tablettes ou téléphones afin de suivre leurs cours. Dans la grande famille de l’e-learning il y a aussi les MOOC et les jeux sérieux.

TIC Magazine BF : M. N’Do, le concept de Mooc est omniprésent depuis quelques années. Pouvez-vous nous dire brièvement ce que c’est ? Quelles seraient du point de vue des interfaces les différences entre une plateforme d’apprentissage comme OPEN Education et une quelconque plateforme Mooc ?
M. N’DO : Les MOOC de l’anglais Massive Online Open Courses sont des cours en ligne massif, gratuit et ouvert à tout public. Ils sont apparus en 2006 mais c’est en 2012 qu’ils ont été popularisés avec la plateforme de MOOC américaine Open edx libre de droit, créé par l’Université d’Harvard et le Massachusetts Institute of Technology.

La plateforme d’apprentissage OPEN Éducation est une médiathèque en ligne avec différentes ressources de cours pour le primaire, secondaire et le supérieur. Les apprenant(e)s téléchargent leurs cours en format pdf ou word puis les consultent sur leurs machines. Une plateforme de MOOC quelconque exemple edx.org donne accès aux cours aux apprenant(e)s identifié(e)s sur la plateforme. Les cours sont en différents supports (textes, images, vidéos et liens de références). Ces supports sont consultables depuis la plateforme et ne nécessite pas de téléchargement.

L’interface des ressources de cours sur OPEN Éducation, est bien structurée dans un premier temps par niveaux primaire, secondaire ou supérieur puis par classe et enfin par matière. Cela a l’avantage pour l’apprenant(e) d’accéder directement au répertoire de son choix et ainsi facilement suivre ses cours.

TIC Magazine BF : Quels sont selon vous les enjeux du e-learning pour un pays comme le nôtre ?
M. N’DO : Les enjeux sont énormes, on a un nombre élevé d’apprenant(e)s dans les classes et peu d’enseignant(e)s pour ceux là. Ce qui rend l’enseignement plus rude pour les enseignant(e)s et l’apprentissage difficile pour les apprenant(e)s. De plus avec une population qui croit très rapidement, passant de 14 millions en 2007 à 20 millions en 2020 selon l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) au BURKINA FASO. Cela nous laisse prévoir que le nombre d’apprenant(e)s ne fera que croître également dans les années à venir. Le e-learning sera une solution pour la formation de ces futur(e)s apprenant(e)s.

Le défit majeur pour l’instant reste la connexion internet qui en fonction de là où vous vous trouvez peut être bonne ou à l’inverse très faible. Ce qui va complexifier votre formation en ligne. Les avantages du e-learning sont entre autre que les établissements pourront former:

  • des apprenant(e)s sans qu’ils ne se déplacent dans les locaux des établissements ce qui fait déjà une révolution comparé à l’apprentissage conventionnel.
  • les apprenant(e)s qui travaillent déjà et qui souhaite se former en temps partiel.
    un plus grand nombre d’apprenant(e)s.

Les avantages du e-learning sont simplement divers. Il suffit de mentionner de façon plus générale que les TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) contribuent aussi significativement dans :

  • «la fourniture d’un accès universel à une éducation de qualité et à des possibilités pertinentes d’apprentissage tout au long de la vie à tous les Africains ;
  • l’outillage des apprenant(e)s en compétences les dotant de moyens de devenir des acteurs à part entière de la société du savoir ;
  • et la promotion, à travers l’éducation, d’une culture d’alphabétisation numérique et de la créativité nécessaire pour permettre à l’Afrique de renforcer les capacités d’innovation de l’industrie des TIC » (Source : http://www.africaictedu.org/fr/a-propos-du-forum-tic).

TIC Magazine BF : Dr. des. Compaoré, vous vous intéressez scientifiquement à une révolution liée aux technologies numériques de l’éducation. Une révolution qui n’a pas eu lieu ?
Dr. des. Compaoré : Nous vivons plutôt une révolution en cours. Un constat lucide et moins émotionnel s’impose. D’une manière générale et du point de vue diachronique, comme l’illustre le diagramme de prédictions e-learning sur le célèbre «cycle du hype» de Gartner, le secteur de l’apprentissage en ligne a beaucoup de souffle de nos jours. C’est le moins que l’on puisse en retenir après des phases entre autre d’euphorie.

(Source : http://www.leerbeleving.nl/)

Le secteur de l’apprentissage en ligne n’a présentement donc pas besoin qu’on le défende. Mais ce n est pas non plus l’attaquer que de dire que son avenir s’emble être en étroite relation avec sa capacité à attester sa plus-value en terme de contribution à l’amélioration de la performance et du rendement des apprenant(e)s aussi bien à court qu’à moyen terme.

TIC Magazine BF : C.-à-d. ? S’agit-il de promettre le salut à l’apprenant(e), aux parents d’élèves et même aux enseignant(e)s par les algorithmes ?

Dr. des. Compaoré : C’est dire que ce mode d’apprentissage ou d’enseignement devrait aller au-delà du simple format digital ou digitalisé s’il veut effectivement s’affirmer plus comme une panacée qu’ une supercherie. Une simple transposition homothétique de documents ou supports papiers en numériques est à proprement parler une tâche luxueuse sans valeur ajoutée! Ce qui est essentiel dans ce processus demeure la complexe moelle pédagogique qui lui est sous-jacente, l’ingénierie pédagogique.

Je citerai comme produit illustrateur la plateforme OPEN Education. C’est à la fois une plateforme vivante comme il y’a en peu au BURKINA FASO. Elle est de ce fait en même temps un symptôme, pionnier encourageant pour tous les acteurs burkinabè de l’éducation.

Fin de la Première Partie.

Biographie des intervenants

Dr. des. Clément Compaoré

Dr. des. Clément Compaoré est germaniste, enseignant en ligne et expert en Ingénierie et Conseil en Formation à Distance. Il a soutenu sa thèse de doctorat en Allemand Langue Etrangère et en Psychologie à l’université Louis-et-Maximilien (LMU) de Munich (ALLEMAGNE), prenant part au programme doctoral intégré au sein du Centre Munichois de Recherche Interdisciplinaire sur les Sciences de l’Apprendre, dénommé Munich Center of the Learning Sciences. Ses recherches dans sa thèse ont porté sur l’évaluation formative de l’impact de l’usage d’animations cognitives pour l’apprentissage collaboratif à distance dans des classes virtuelles: « Evaluation von eLernprozessen. Eine empirische Untersuchung am Beispiel des Einsatzes kognitionsbasierter Grammatikanimationen zum kollaborativen Lernen der deutschen Grammatik in virtuellen Klassen ». Il s’intéresse particulièrement à l’ingénierie de scenarios et modules d’apprentissage en groupe médié par ordinateur, à l’implémentation des TICE ainsi qu’à l’évaluation de leur impact sur la motivation et la performance des apprenant(e)s.

Contact: [email protected]

https://www.linkedin.com/in/cl%C3%A9ment-compaore-45848937/

Dr Bachir Ismaël Ouédraogo 

Etudes doctorales en Economics of renewable energy à l’université de Manchester (ANGLETERRE). Economiste et expert en économie des énergies renouvelables, développement durable, risques et politiques des changements climatiques avec une solide expérience académique en économie et finance des politiques sociales. Dix années d’expérience en matière d’énergie et habitat, optimisation des systèmes de production d’énergies renouvelables et l’impact des changements climatiques sur la consommation future en énergie. Modélisation énergétique, conception et optimisation de systèmes hybrides d’énergies basée sur la valeur actuelle. Simulation de la consommation d’énergie dans les bâtiments avec différentes conditions thermo physiques et climatiques. Sept années d’expertise en e-learning et développement de solutions pour l’incorporation des TIC dans l’éducation formel et non formelle en milieu rural. Rapide dans l’assimilation de nouvelles idées et concepts et à mesure de développer des solutions innovatrices et créatives face aux problèmes rencontrés.

Contact: [email protected]

Boudi N’DO, Msc.

Boudi N’DO a fait des études en informatique en se spécialisant dans la réalisation de sites web et la gestion de projet informatique au cours d’un BTS Informatique de Gestion puis une Licence en Science des Technologies de l’Information et de la Communication. Son intérêt personnel pour l’éducation l’a ensuite conduit à faire un Master Approche Interdisciplinaire de la Recherche et de l’Éducation au Centre de Recherche Interdisciplinaire de Paris. Fort inspiré de cette première immersion dans le domaine de l’éducation il a suivi un second Master spécialisé sur la formation en ligne et les plateformes numériques à l’Ecole Supérieure de Professorat et d’Éducation de Toulouse en FRANCE.

Il est présentement au BURKINA FASO.

Contact: [email protected]

https://www.linkedin.com/in/boudi

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