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Huawei – USA : quels impacts sur le quotidien des Africains ?

Aude est une jeune passionnée de photos, membre d’un groupe d’amoureux de la photographie. Mohamed est passionné de jeux vidéo. Depuis qu’il a découvert qu’il pouvait jouer à certains de jeux via son smartphone, il est devenu membre d’une association de gamers et possède même une salle de jeux. Hortense, quant à elle, est commerciale pour une grande entreprise de la place. Son téléphone est devenu son nouveau bureau. Elle a toujours les yeux plongés sur son écran, car c’est son outil de travail.

Ces trois personnes ont un point commun : Huawei, la marque de leur téléphone.

Quand on leur demande pourquoi ? Ils préfèrent cette marque à d’autres sur le marché, leur réponse est sans équivoque : « Les smartphones de la marque Huawei répondent aisément à nos besoins en matière de performances et de prix ». Ce dont ils ne savent pas, même à des milliers de kilomètres d’eux, la guerre qui oppose Huawei aux États-Unis peut énormément jouer sur leur quotidien à travers l’utilisation de leur mobile.

Pourquoi Huawei est-il dans le collimateur de Washington ?

Selon certaines indiscrétions, le Président américain, Donald Trump, aurait affirmé que la Chine ne deviendra jamais la première puissance économique mondiale. Devant la montée fulgurante de Huawei en termes de part de marché sur les ventes de smartphones, il signe un décret le 15 mai 2019, visant à bloquer l’ascension de Huawei aux États-Unis d’Amérique.

Ce décret plaçait Huawei sur une liste noire, c’est-à-dire une décision qui contraignait les entreprises américaines à ne plus faire affaire avec l’équipementier chinois, à moins de disposer d’une autorisation officielle. Suite à cette décision, Google a décidé de ne plus fournir de logiciels, de matériel informatique ou service technique à Huawei à l’exception des services disponibles en open source. L’éditeur d’Android a toutefois assuré que Google Play et les protections de sécurité de Google Play Protect continueront de fonctionner sur les appareils Huawei existants.

L’importance d’une puce dans le fonctionnement d’un smartphone

Ici, il ne faut pas confondre la puce qui désigne abusivement la carte SIM (Subscriber Identity Module) qui stocke les informations spécifiques à l’abonné d’un réseau mobile et la puce ou système sur une puce souvent désignée dans la littérature scientifique par le terme anglais « system on a chip » (d’où son abréviation SoC).

Autre conséquence de ce décret pris par le Président américain, que certains des principaux concepteurs et fournisseurs de puces au monde comme Broadcom, Qualcomm Inc. et Intel Corp. ont également suspendu leurs relations commerciales avec Huawei après l’annonce du décret.

Le système sur une puce ou SoC comprend donc des composants et contrôleurs lui permettant de gérer tous les équipements de votre smartphone, qu’il s’agisse de l’appareil photo, de la mémoire interne, ou encore du modem. Nous constatons donc que le SoC d’un smartphone est l’une des pièces maîtresses de l’appareil. Véritable centre névralgique de l’appareil qu’il compose, il gère non seulement toutes les opérations logiques, mais aussi l’affichage graphique, les connexions réseau ou encore les calculs nécessaires au traitement des images prises par l’appareil photo.

C’est pourquoi les fondeurs ont une si grande importance aujourd’hui.

La gravure de SoC ou la grande bataille des nanomètres (nm) en matière de performance des smartphones ?

Les fondeurs n’en finissent plus de réduire la « finesse de gravure » des transistors. 10 nm, 7 nm, 5 nm… Ces petits chiffres sont d’une grande importance dans la guerre technologique et commerciale qui oppose les fondeurs, attisée par les demandes de clients toujours plus exigeants.

Les nouveaux procédés de gravure cruciale dans le domaine des SoC permettent d’offrir une amélioration des performances (en augmentant le nombre de transistors) tout en limitant l’augmentation de la taille de la puce ainsi que sa consommation électrique. Un fondeur est en vogue en ce moment, car ayant raflé de grands marchés avec sa gravure. Il s’agit du Taïwanais TSMC qui a été le premier à fabriquer des puces en 7 nm récupérant des clients comme Huawei (pour le Kirin 980 du Mate 20 Pro), Apple (pour l’A12 de l’iPhone XS) ou encore Qualcomm (pour le Snapdragon 855).

Huawei se repose encore beaucoup sur TSMC et a l’intention de coopérer avec le plus grand fondeur chinois, SMIC, pour remplacer ce dernier afin de fabriquer ses puces 5G, technologie sans laquelle la firme de Shenzhen a une longueur d’avance sur la concurrence.

Est-ce la peur de se voir rafler la place de première puissance économique qui fait que les États-Unis durcissent le ton vis-à-vis de Huawei ?

La fabrication de circuits intégrés (puce) est un processus lent et complexe, qui commence avec un wafer, un disque de silicium extrêmement pur. La transformation du wafer en puces exige des dizaines d’étapes. Il se trouve que les machines qui servent à graver les wafers de silicium contiennent elles aussi des technologies américaines. Ceci pourrait être un moyen de pression que Washington pourrait utiliser pour forcer TSMC à ne plus collaborer avec Huawei.

Un rapport du quotidien chinois IT Home affirme en effet que « Huawei a contribué aux revenus de TSMC à hauteur de 36,1 milliards de Yuans [4,7 milliards d’euros], soit une hausse de 80% sur un an ». Et le site d’ajouter que la proportion des commandes de Huawei dans les revenus du fondeur est passée de 8 à 14%.

Huawei est aujourd’hui le deuxième client du fondeur, derrière Apple. En résumé, sans puce ou SoC, le téléphone est juste une coquille vide, car c’est la pièce maîtresse.

Pour les trois jeunes présentés plus haut, cela veut dire plus de photos pour Aude, plus de jeux vidéo pour Mohamed et plus de possibilités de rester connecté pour Hortense à des coûts abordables.

Quelle est la part de marché de Huawei dans le monde et en Afrique ?

Malgré que les smartphones de Huawei soient exclus du marché des opérateurs américains, ils n’en connaissent pas moins une forte croissance. Selon les chiffres d’IDC pour le premier trimestre, le Chinois a connu une croissance étonnante de 50% de ses livraisons avec 59,1 millions d’unités écoulées. Huawei affiche ainsi désormais 19% du marché des smartphones et se rapproche un peu plus du numéro un, Samsung, à 23%. Quant à Apple, dont les ventes sont en berne depuis deux trimestres consécutifs, il est largement supplanté avec une part de marché de 11,7%. Le marché des téléphones intelligents a atteint 83,7 millions d’unités au premier trimestre de l’année dans la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique).

Les ventes de téléphones spéciaux ont atteint 45,9 millions d’unités, dont plus des deux tiers étaient dans le marché africain, qui a connu la croissance la plus rapide (6 %).  Selon une étude publiée mi-avril 2019 par Deloitte, « 67 % des utilisateurs de téléphones mobiles en Afrique déclarent être susceptibles d’acheter un smartphone dans les 12 prochains mois ». « La connectivité (75 %), l’autonomie (67 %) et la mémoire interne de l’appareil (65 %) sont les fonctionnalités qui motivent le plus le choix pour l’achat d’un smartphone », des atouts qui placent Huawei en tête des marques en progression sur le continent africain.

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