26.3 C
Ouagadougou
17 septembre 2025
A la Une Actualités

Internet en Afrique : Les câbles sous-marins font chuter les prix, mais la régulation reste le vrai défi

L’Afrique vit une révolution numérique accélérée, portée par le déploiement massif de câbles sous-marins. Ces infrastructures font chuter les coûts d’accès à Internet, mais leur impact durable dépendra de la régulation et de la concurrence, comme le révèlent de récentes études de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (FERDI), dont notre confrère de We are Tech a eu le contenu.

Une baisse spectaculaire des prix

L’installation et le renforcement des câbles sous-marins ont un impact significatif sur les prix, notamment en Afrique, où ils entraînent une baisse rapide des coûts d’accès à Internet. Selon un rapport de la Fondation FERDI daté de juin 2025, un doublement de la capacité des câbles sous-marins entraîne une chute immédiate de 32 % du prix du haut débit fixe et jusqu’à 50 % pour le mobile. La Banque mondiale confirme cette tendance : chaque augmentation de capacité réduit en moyenne de 7 % les tarifs fixes et de 13 % les tarifs mobiles en Afrique.

Des exemples concrets illustrent en effet, cette dynamique. Au Nigeria, cinq nouveaux câbles (2010-2015) ont fait baisser de 5 points le prix du mobile, révèle We are Tech. Toujours en Tunisie, le câble Didon (2014) a eu un effet similaire.

La Régulation, clé de la pérennité des baisses de prix

Mais cet avantage peut s’évaporer. Sans concurrence renforcée, les prix remontent après quatre ans, avertit la FERDI. L’Union internationale des télécommunications (UIT) souligne que les écarts tarifaires entre pays africains s’expliquent davantage par la qualité de la régulation que par la simple présence de câbles.

Les pays dotés d’autorités indépendantes, capables d’imposer une concurrence saine et de protéger les consommateurs, profitent pleinement de cette baisse. À l’inverse, les marchés concentrés voient les tarifs repartir à la hausse.

Les récentes coupures de câbles (mars 2024), qui ont paralysé Internet dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, ont exposé la dépendance critique du continent à quelques infrastructures. L’UIT alerte sur les disparités persistantes entre capitales et zones rurales et entre pays côtiers et enclavés. Pour l’OCDE, la solution passe donc par le renforcement de la régulation, la favorisation de l’arrivée de nouveaux opérateurs ainsi que le développement des réseaux de secours.

Si les câbles sous-marins offrent un levier puissant pour démocratiser Internet, leur impact réel dépendra des politiques publiques, de la résilience des réseaux et de l’inclusion numérique. La baisse des prix ne profitera à tous que si les États africains relèvent ces défis structurels. L’avenir numérique de l’Afrique se joue maintenant et il sera autant question de fibre optique que de gouvernance.

Pierre Ouedraogo

ARTICLES SIMILAIRES

Laisser un Commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient. Accepter En savoir plus