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13 octobre 2025
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L’Égypte forme 1 895 nouveaux “ambassadeurs de l’IA” pour propulser la transformation numérique du monde arabe

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Et si la prochaine révolution de l’intelligence artificielle (IA) venait du Nil ? En formant près de 1 900 “ambassadeurs IA”, l’Égypte mise sur le capital humain pour faire de l’innovation technologique un levier de puissance régionale.

Lancée en 2021, la stratégie nationale égyptienne pour l’intelligence artificielle franchit une nouvelle étape majeure. En septembre 2025, le ministère égyptien des Communications et des Technologies de l’Information (MCIT) a annoncé la certification de 1 895 “AI Ambassadors”, issus de plusieurs universités et institutions publiques. Ce programme s’inscrit dans un mouvement plus large observé à travers le Moyen-Orient, où les États arabes multiplient les initiatives d’éducation numérique, d’Abou Dhabi à Riyad en passant par Doha. L’objectif : créer des talents capables de comprendre, d’enseigner et d’appliquer l’IA dans tous les secteurs économiques.

Le programme “AI Ambassadors” est une initiative phare de la National Artificial Intelligence Strategy égyptienne, conçue en collaboration avec le National Council for Artificial Intelligence. Il vise à démocratiser les connaissances en IA auprès des étudiants, enseignants, ingénieurs et fonctionnaires. Ces “ambassadeurs” ont reçu une formation complète couvrant les fondamentaux du machine learning, du traitement de données, de l’éthique numérique et des applications concrètes dans la santé, l’agriculture, la logistique et l’éducation.

Le parcours d’apprentissage repose sur une pédagogie hybride : cours en ligne, ateliers pratiques et mentorat par des experts du secteur. Les modules ont été développés avec le soutien de partenaires internationaux, notamment Huawei, Microsoft et IBM, qui accompagnent le gouvernement égyptien dans la montée en compétence numérique. Cette alliance public-privé illustre une stratégie pragmatique : former une génération d’acteurs capables de localiser l’IA, c’est-à-dire d’adapter les technologies globales aux réalités socio-économiques locales.

L’Égypte ambitionne de devenir un hub de l’intelligence artificielle en Afrique et dans le monde arabe, à l’image de ce que les Émirats arabes unis ont réalisé avec leur AI University à Abu Dhabi. Le pays mise sur son réseau universitaire — plus de 70 établissements d’enseignement supérieur — pour diffuser la culture de l’IA dès les premières années d’études. À terme, chaque université devrait compter au moins un “ambassadeur IA” capable d’organiser des formations et de sensibiliser aux usages responsables de l’intelligence artificielle.

Mais le programme va au-delà de la simple éducation technologique. En formant près de 2 000 ambassadeurs, l’Égypte entend créer une communauté d’experts et de médiateurs capables de dialoguer entre ingénieurs, décideurs publics et citoyens. “L’objectif n’est pas seulement de maîtriser les algorithmes, mais de comprendre comment l’IA peut transformer les politiques publiques, les entreprises et la société”, a déclaré récemment Dr. Sally Radwan, conseillère en IA auprès du MCIT.

L’approche égyptienne tranche avec les stratégies purement technocentrées souvent observées dans la région. Plutôt que de se limiter à l’acquisition de technologies étrangères, le pays investit dans le développement des compétences locales, condition essentielle à la souveraineté numérique. Toutefois, le succès du programme dépendra de la capacité des institutions à offrir des débouchés professionnels réels à ces ambassadeurs, afin d’éviter la fuite des talents vers les grandes puissances technologiques.

Les défis sont considérables : infrastructures limitées, faible niveau d’anglais technique, et manque de ressources dans les universités régionales. Mais l’Égypte dispose d’un atout majeur : sa démographie. Avec plus de 60 % de la population âgée de moins de 30 ans, le pays peut capitaliser sur une jeunesse curieuse, technophile et désireuse de jouer un rôle dans la révolution numérique mondiale.

Le modèle égyptien pourrait inspirer d’autres nations africaines francophones, comme le Maroc, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, où des programmes similaires émergent timidement. En Afrique, la question n’est plus de savoir si l’IA s’imposera, mais comment la maîtriser pour en tirer des bénéfices inclusifs. L’initiative du Caire montre qu’un État africain peut passer du statut de consommateur à celui de producteur de savoir technologique, en misant sur la formation plutôt que sur l’importation.

En formant près de 1 900 ambassadeurs de l’intelligence artificielle, l’Égypte ne se contente pas de suivre la tendance mondiale : elle façonne sa propre trajectoire dans l’économie numérique. Le pays du Nil parie sur le savoir, la jeunesse et la coopération régionale pour s’imposer comme un acteur clé de la révolution de l’IA dans le monde arabe et africain. Reste à voir si cette armée de nouveaux experts saura transformer la promesse d’innovation en transformation durable.

Sources :
Ministry of Communications and Information Technology (MCIT Egypt, septembre 2025) ; National Council for Artificial Intelligence ; Egypt Today ; The Arab AI Observatory ; TechCrunch ; MIT Technology Review.

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