A la Une Interview

Thierno SAKHO, « beaucoup de personnes ne le savent pas mais l’entreprenariat s’apprend »

Le Salon International des Professionnels de l’Économie Numérique (SIPEN) s’est tenu les 16 et 17 avril 2019 à Dakar sous le thème « TRANSFORMATION DIGITALE, ACCELERATEUR DE L’EMERGENCE AFRICAINE ». Cette 4ème édition du SIPEN a réuni des acteurs du numérique dont Thierno SAKHO que nous avons reçu pour un entretien.

TM: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

TS: Je suis Thierno SAKHO, Project Manager au sein de la Délégation Générale à l’Entreprise Rapide des Femmes et des Jeunes (DER) qui est un fonds qui a été mis en place par le Président de la République, Macky Sall pour financer les jeunes et les femmes et je travaille sur le portefeuille portant sur l’économie numérique principalement les start-ups et les PME du numérique.

TM: En quoi consiste vos actions par rapport à l’accompagnement du numérique ?

TS: Il y a aujourd’hui un écosystème start-up qui s’est développé sur les dix dernières années au Sénégal mais qui avait une problématique de levé de fonds, d’accès au financement parce que les banques ne sont pas outillées pour investir sur ces start-ups. Le fonds répond à cette problématique de besoin de financement exprimé par les acteurs et sur lesquels nous faisons du financement, de l’investissement. Nous prenons des parts ou nous faisons de la dette à des start-ups parce que nous avons un budget de 1 milliard. Cette année, nous allons à un budget de 3 milliards, toujours pour investir sur les start-ups et les PME du numérique et mettre en place des programmes d’incubation et d’accélération de haut niveau pour permettre à tous ces acteurs de grandir et d’attaquer les marchés internationaux.

TM: Sur le terrain présentement votre fonds a accompagné combien de start-up ?

TS: Pour l’année 2018, nous avons investi sur 45 start-ups allant du budget moyen de 5 millions à 65 millions de francs cfa par start-up. Aujourd’hui nous sommes à 45 et pour 2019, nous souhaitons aller à 100 start-ups et PME du numérique, toujours pour les permettre de se renforcer, de grandir et d’attaquer le marché local, sous régional et africain.

TM: En accompagnant ces start-ups, quelles sont les difficultés qui reviennent chaque fois ?

TS: Hormis le financement et l’accès au financement, c’est surtout la question des ressources humaines, la question des marchés publics, la question de la fiscalité et c’est surtout ça qui fait qu’au niveau de la DER, nous travaillons à la mise en place de la nouvelle loi sur la start-up qui devrait être effective cette année pour permettre de créer un environnement fiscal, juridique, d’accès au marché beaucoup plus accessible et intéressant et qui leur permet de grandir plus vite.

TM: En terme de garantie, est-ce que vous êtes souple à ce niveau ?

TS: Aujourd’hui sur tout ce qui est numérique, si on doit parler de garantie ce serait problématique parce que c’est de l’immatériel. Nous ne prenons pas en tant que tel de garantie, nous attendons un engagement du promoteur à pouvoir respecter le plan d’exécution qu’il nous a soumis. Donc, nous ne prenons pas de garantie mais nous faisons une suivie personnalisée de la start-up, du conseil, du mentorat, de l’accompagnement pour permettre à cette start-up de pouvoir grandir et nous par ailleurs de gérer notre risque financier.

TM: Au niveau de votre fonds, quelles sont les innovations que vous envisagez pour l’année 2019 ?

TS: Pour l’année 2019, nous allons nous ouvrir aux PME du numérique comme les membres de l’OPTIC pour leur permettre d’accéder éventuellement à des lignes de trésorerie pour pouvoir exécuter des marchés. Beaucoup de ces PME avaient des problématiques auprès des banques, lorsqu’ils gagnent des marchés de pouvoir l’escompter. Nous allons mettre des fonds de garantie pour permettre à ces PME de pouvoir exécuter ces marchés. Entre autres sur la partie start-up, nous allons aller plus loin, essayer de faire du co-investissement, amener des investisseurs internationaux et les business angels locaux à venir investir avec la DER, du moment qu’on a fait l’impulsion en 2018. Maintenant y a un réel intérêt pour les investisseurs internationaux à venir voir ce qui se passe à Dakar et investir sur des start-ups du Sénégal. Ça fait partie de nos priorités et la dernière priorité c’est de vraiment consolider l’écosystème start-up sénégalaise en allant dans le même sens avec tous les acteurs qui sont sur la place, CTIC Dakar, les membres de l’OPTIC et tous les projets privés ou publics qui vont dans le sens de l’accompagnement de l’écosystème start-up numérique du Sénégal.

TM: Votre dernier mot à l’endroit des jeunes entrepreneurs

TS: Le message que j’ai à donner c’est qu’aujourd’hui beaucoup de personnes ne le savent pas mais l’entreprenariat s’apprend. Aujourd’hui y a des méthodologies qui ont été développées, qui ont été testés à l’international qu’on appelle le Line start-up ou d’autres méthodes agiles sur lesquelles nos jeunes entrepreneurs qui veulent se lancer dans l’entreprenariat type start-up, qui veulent devenir demain le prochain Mark Zuckerberg ils doivent prendre de ces approches là pour pouvoir tester. Aujourd’hui on ne demande pas de réussir d’un seul coup, on demande de tester et de voir les résultats. Tous ces concepts-là, faut les comprendre et les tester en réalité. Et à partir de ce moment, un investisseur pourra comprendre votre vision et vous accompagner. N’hésitez pas à vous lancer en tant qu’entrepreneur et à ne pas avoir peur de l’échec mais continuer car l’avenir de l’Afrique passera inéluctablement par l’entreprenariat.

TIC MAGAZINE BF

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