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Les conséquences politiques, sociales et économiques de la cyberdépendance africaine

Saad Badaoui et Redouan Najah, deux chercheurs du Policy Center for the new south, ont publié un document intitulé « Intelligence artificielle et cyber-colonisation : implications sur l’Afrique ». Ils y énumèrent les trois types de conséquences que la dépendance de l’Afrique aux technologies étrangères est en train d’engendrer. Elles sont d’ordre politique, social et économique.

1- Conséquences politiques : fake news et stratégie de désinformation

Les auteurs ont évoqué plusieurs affaires comme celle très médiatisée au sujet de Cambridge Analytica. Ils ont aussi cité des médias et organisations comme Privacy International, le Wall Street Journal ou encore le New York Times. Tout cela pour montrer que via des plateformes étrangères comme Facebook, des acteurs publics et privés des autres continents peuvent influencer la démocratie et la vie politique en Afrique. Ce, au gré de leurs intérêts, parfois soutenus par les pouvoirs en place. Par exemple, Cambridge Analytica aurait compté parmi ses clients, les gouvernements kényan et nigérian.

Ces derniers mois, les cas du groupe WhatsApp de Bobi Wine en Ouganda, des hackers du siège de l’Union africaine ou encore celui concernant la pléthore de comptes fermés par Facebook que plusieurs sources ont affirmé être en rapport avec des organisations russe et française de premier plan. La souveraineté numérique des pays africains est clairement l’une des plus vulnérables au monde.

2- Conséquences sociales : surveillance et intrusion dans la sphère privée

Ici, Badaoui et Najah mettent l’accent sur les équipements étrangers, sollicités dans le cadre de différents projets étatiques tels que les smart cities. Le déploiement de milliers de caméras et autres composantes de systèmes de surveillance soulève des craintes quant à la vie privée des citoyens africains.

Ceux-ci sont ainsi encore et toujours plus vulnérables à la violation de leurs libertés individuelles par leurs propres gouvernements d’une part. D’autre part, les grandes puissances technologiques aux quatre coins du globe gagnent une emprise de plus en plus forte sur leur existence. Et les affaires comme celle de Snowden ont bien montré au monde entier les enjeux d’une telle situation.

3- Conséquences économiques : debt trap et analyse prédictive

L’impact économique de ce que les deux chercheurs appellent la cyber-colonisation revêt plusieurs facettes. La première est la perte de gain potentiel pour les Etats africains. En effet, la surreprésentation des acteurs étrangers dans l’écosystème numérique implique qu’elles ont plus à cœur de servir les intérêts de leurs pays que ceux de l’Afrique. Par conséquent, elles sont moins enclines à payer les impôts locaux et à servir le développement économique du continent.

La seconde facette est relative à la soutenabilité de la dette. Les prêts accordés par les fournisseurs étrangers sont, dans certains, cas gagés sur des ressources naturelles ou des infrastructures stratégiques. Le remboursement est forcément compliqué et les pays africains sont très vulnérables face à leurs créanciers.

La troisième concerne le marché de l’analyse prédictive. Vu la faiblesse de la protection juridique et technique des données à caractère personnelle des Africains, des entreprises comme Facebook et Google pourront en collecter énormément. Elles pourront ainsi, comme sur aucun autre continent, contrôler des marchés stratégiques. Leur capacité à prédire les comportements de consommation leur conférera celle de dicter les règles du jeu économique.

Source: AITN

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