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Sécuriser l’écosystème de la téléphonie mobile, un impératif à l’ère post-Covid

Si la crise du Covid a occasionné la première récession en Afrique depuis un quart de siècle, avec une croissance économique qui devrait passer de 2,4% en 2019 à une valeur comprise entre -2,1% et – 5,1%, elle a dans le même temps agi en accélérateur de la numérisation des transactions, un puissant mécanisme d’inclusion financière pour les deux tiers des Africains non bancarisés.

Si le nombre de comptes d’argent mobile s’élevait à 470 millions en 2019, il avoisine désormais les 500 millions, une tendance vouée à s’accentuer au vu de l’explosion de l’usage du mobile sur le continent depuis le début de la crise sanitaire. De fait, le secteur de la téléphonie a été l’un des rares à tirer son épingle du jeu, les mesures de distanciation ayant rendu les Fintechs essentielles au maintien de l’activité économique. Alors que de plus en plus d’Etats africains se tournaient déjà vers la numérisation des paiements administratifs (impôts, frais de scolarité, pensions de retraite etc.), l’épidémie confirme l’intérêt de ce type de démarches.

À problème numérique, solution numérique

Un an après son démarrage, la crise du Covid a mis en évidence le besoin de réguler et de sécuriser le secteur des télécoms et de l’écosystème de l’argent mobile. Plus que jamais, l’usage crescendo du mobile money, et plus généralement le recours accru à la téléphonie mobile, posent la question de la sécurisation de cet écosystème essentiel pour nos économies. De fait, les services financiers digitaux contribuent directement à lutter contre la propagation de l’épidémie, à assurer une certaine continuité économique et à maintenir le soutien financier familial. À une condition : que les Etats soient dotés des bons outils pour recueillir, analyser et exploiter le Big data en temps réel. Alors que tout indique que le recours au mobile money ira crescendo, pérenniser ce service précieux implique de s’attaquer aux risques associés, et ce grâce à des outils de monitoring adaptés. À problème numérique, solution numérique.

Objectifs théoriques, décisions fiscales et réglementaires prises à l’aveugle, manque de réactivité, incapacité à traiter une masse d’informations exponentielle… Qui pourrait nier que les outils de monitoring traditionnels sont dépassés ? À l’inverse, ceux qui reposent sur l’analyse du Big data en temps réel permettent d’élaborer un cadre réglementaire à partir de données fiables, prérequis à des décisions pertinentes. Les outils de monitoring numériques sont les seuls susceptibles de fournir des rapports à partir desquels sera évalué l’impact immédiat des décisions prises, et dont découleront les ajustements nécessaires pour optimiser leurs retombées.

Sous l’effet conjugué de la crise économique et de l’accroissement des flux de données, les décideurs doivent plus que jamais pouvoir s’appuyer sur des données précises, fiables et en temps réel pour les épauler dans leurs prises de décision stratégiques. Elles seules garantissent une vue claire de l’évolution et des tendances du marché. Elles seules permettent, à travers la collecte et l’analyse continue d’informations clés, de veiller à l’application des réglementations relatives aux transactions d’argent mobile.

Facteur de résilience des économies

Grâce à l’obtention de statistiques en temps réel, les enjeux de la supervision des flux téléphoniques sont multiples : mesure du trafic et garantie de la bonne facturation, sécurisation des revenus de l’Etat, amélioration de la qualité de service, détection des transactions suspectes et réduction des fraudes comme le blanchiment d’argent, ce qui contribuera aussi à consolider l’écosystème de la téléphonie mobile. Plus globalement, les Etats doivent prendre conscience que sa sécurisation va de pair avec la résilience des économies africaines.

Salutaire en temps normal en assurant à l’Etat le recouvrement des revenus qui lui incombent – et dont une partie lui échappe encore trop souvent faute de transparence de la part des opérateurs -, une telle approche permet aussi de mieux absorber les effets des crises, ce qu’ont bien compris de nombreux pays africains ces dernières années. Rien qu’en Afrique de l’Ouest, le Ghana, le Sénégal, la Sierra Leone, le Bénin et la Guinée, pour ne citer qu’eux, se sont équipés d’un dispositif de monitoring du trafic téléphonique. La Côte d’Ivoire, locomotive économique de la sous-région, est en train de leur emboîter le pas. Face à une pandémie qui se déclinera vraisemblablement par vagues, la réglementation des flux téléphoniques et la sécurisation des transactions dématérialisées est un enjeu majeur pour limiter les pertes financières des Etats et donner à nos économies un moyen de mieux surmonter les crises.

Source: ecofin

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