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William Elong, promoteur de l’application DroneAfrica et fabricant de drones: « La plupart de nos commandes viennent d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest »

L’équipe du média Agence ecofin s’est entretenu avec le camerounais William Elong, jeune promoteur de la start-up Will & Brothers; il est également à l’origine de la création du tout premier drone camerounais. Il livre dans cet entretien son parcours, les difficultés rencontrées et ses ambitions.

Agence Ecofin : La start-up Will & Brothers que vous avez fondée, s’est révélée au grand public grâce à la conception de l’application DroneAfrica, qui a permis de lancer le tout premier service de drone civil au Cameroun. Comment est né ce projet et que devient-il ?

William Elong : La startup est devenue une PME présente dans plusieurs pays (USA, France, Allemagne, Côte d’Ivoire, et bientôt au Sénégal, etc). Ma famille, mes parents surtout, m’ont motivé à toujours aller de l’avant. Sans leurs conseils, je ne serais pas là. En 3 ans, nous avons beaucoup appris. Le projet est né de l’envie de placer mon pays au cœur des enjeux technologiques du futur, et du besoin de répondre à des enjeux concrets de développement : cartographie, sécurité, agriculture…

AE : Après DroneAfrica, vous êtes passé à la construction des drones. Qu’est-ce qui a déclenché cette montée en puissance ?

WE : Ma véritable motivation a toujours été l’envie d’inspirer les autres. La construction de drones était une étape pour se positionner sur un segment de drones professionnels à voilure fixe, qui est peu exploré en Afrique, à quelques exceptions près comme l’Ethiopie et le Rwanda. Aujourd’hui, nous avons fait un revirement stratégique total. Désormais, nous mettons 80% de nos ressources sur l’intelligence artificielle et le service. 20% resteront dédiés à la partie hardware/matériel.

AE : Où et comment votre équipe s’est-elle procurée le matériel ayant permis de fabriquer les premiers drones made in Cameroon, que vous avez récemment présenté au gouvernement camerounais ?

WE : Chez plusieurs fournisseurs en Europe, aux USA, en Chine, au Cameroun aussi. Je pense qu’il faut s’appesantir davantage sur ce point. Personne sur terre ne fabrique tous les composants d’un drone de A à Z. L’enjeu actuel sur un drone est plus le software que la partie visible du sujet. Les efforts de R&D (recherche et développement) aujourd’hui vont dans le sens de la conception d’algorithmes de traitement d’images collectées par les drones. C’est le cas, par exemple, de Google avec le projet Maven, qui a englouti plus de 100 millions de dollars US. Nous avons désormais un robuste réseau de sous-traitants sur la partie matériel (hardware) à travers le monde, qui nous garantit une qualité qui n’a rien à envier à personne. C’était notre principale faiblesse, elle est corrigée.

AE : Lors de la cérémonie de présentation de ces équipements, vous avez confessé avoir fait face à des embûches et même que votre équipe et vous avez douté, à certains moments, de pouvoir aller jusqu’au bout. De quelles difficultés parliez-vous et comment avez-vous réussi à les surmonter ?

WE : (Rires). Je parle des classiques de la start-up : difficultés à boucler une fin de mois, recherche du meilleur business model pour être rentable, charges fixes mensuelles élevées, difficultés de trésorerie, etc. J’ai parfois voulu tout arrêter et me concentrer sur mes activités de Consulting, qui étaient largement plus rentables. Mais, ayant pris un engagement public, j’aurais donné un mauvais exemple en n’allant pas jusqu’au bout des choses. Au final, nous avons réussi à relever le défi et à boucler l’année 2018 sur un flux de commandes élevé.

AE : Combien de drones vous ont été commandés au cours de l’année 2018, et de quels pays viennent ces commandes ?

WE : Nous avons une centaine de drones commandés. Mais, nous n’avions pas la capacité de production suffisante pour adresser la demande. Nous avons fait les ajustements nécessaires sur le dernier semestre de l’année 2018, lesquels ajustements ont porté leurs fruits au cours du dernier trimestre. En effet, entre octobre et décembre 2018, nous avons enregistré plus de commandes qu’en 2 ans. Il fallait juste accepter de céder une partie de la chaine de production à des partenaires techniques, notamment sur la partie matérielle, tout en gardant la propriété intellectuelle et la partie logicielle du drone en interne. La plupart de nos commandes viennent d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs nous avons commencé à répondre à des requêtes clients en Allemagne.

AE : Pour un départ, Algo Drone a produit trois gammes de drones. Quels sont leurs caractéristiques?

WE : En un an, nous avons revu notre catalogue. Désormais, nous avons le modèle «Algo2» pour les missions sur 25 km avec environ une heure d’autonomie ; «Algo X», un modèle VTOL (vertical take of and landing), qui peut voler près de deux heures ou plus selon les configurations. Enfin, il y a «Sanaga», le petit prototype de drones terrestres pour les travaux d’inspection.
L’avenir des drones est dans le type VTOL pour une raison assez simple : ce type de drones offre les avantages d’un quadricoptères (la précision, la capacité à faire un vol stationnaire comme un hélicoptère), et la longue portée d’un drone à voilure fixe. Pour à peu près les mêmes raisons d’autonomie, vous avez plus de chances de faire Yaoundé-Paris en avion qu’en hélicoptère. (Rires).

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