Du 26 au 28 septembre 2018 à Kigali a eu lieu la 13ème Conférence & Exposition internationale sur les TIC appliquées à l’apprentissage, à la formation et au développement des compétences. Cet événement annuel désormais incontournable dans l’univers de l´éducation en Afrique se focalise sur les dernières innovations en matière d’usage des TIC dans l´éducation. Alternant table ronde ministérielle, évènements pré-conférences, séances plénières, réceptions, sessions parallèles, débats pléniers, temps de networking, de visites d´expositions et de démonstration nous avons eu le plaisir d’y participer pour la première fois. Voici un résumé non exhaustif de nos notes.
Les technologies appliquées à l’apprentissage, à la formation et au développement des compétences couramment appelé e-learning étaient à l´honneur dans le célèbre Centre de Congrès de la capitale rwandaise Kigali. Cette ville située au milieu de multiples collines verdoyantes où se côtoient crêtes et vallées.
Accueillie par la République du Rwanda et organisée sous le thème « Unir l´Afrique » la conférence panafricaine annuelle eLearning a connu 72 heures durant la participation active de 200 intervenants. Environ 1200 participants issus de 85 pays d´Afrique et d´autres continents, d´institutions de recherche, de formation, de partenaires techniques, du secteur privé, d´investisseurs ont effectué le déplacement pour cette 13ème Conférence.
Au menu, il y a eu plusieurs activités au nombre desquelles un atelier pré-conférence avec pour thème: « Limited Internet Access? Let’s Build our own Networks! Offline Teaching and Learning in Sub-Saharan Africa ».
Autrement dit, c’est l’apprentissage en ligne dans un contexte d´accès modeste à l´internet. Si 1% de population mondiale avait accès à internet en 1995, il en est de 40% de nos jours avec une tendance croissante . Comment développer et assurer cependant des cours dans un contexte africain où la connectivité reste limitée surtout dans les zones rurales? Dans cet atelier qui a été bien productif, des séniories concrets ont été présentés et des solutions pratiques discutées et présentées en petits groupes. En effet, les participants pris ont part à des démonstrations de technologies d´apprentissage offline et open source. L´atelier a été dirigé par M. Santiago Amaya, spécialiste du domaine auprès de la GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit), l’agence de coopération internationale allemande.
« The Use of Mobile Applications for Language Learning in Africa »
Il s´agit ci-dessus du titre de la présentation du conférencier Gilbert Munyemana « Apprentissage des langues » des softwares récents développés sa société dénommée IDEMBE Ltd comme par exemple l´application Speak Kinyarwanda, un software développé pour l´apprentissage de langue nationale rwandaise, le Kinyarwanda, parlée et écrite.
Le thème : « Apprendre avec des drones: Quand l’innovation rejoint la communication et le contexte » a ensuite été développé par Mme Mammy Ingabire.
Au-delà de vagues généralités sur le potentiel d’applications des drones, il nous est donné de voir dans cette session l´application civile, sanitaire des drones au Rwanda. Ainsi, la communicatrice a présenté le champ d´activités de l´entreprise Charis UAS. Cette société rwandaise offre des services dans des domaines variés dont la construction (inspection et supervision des chantiers), la cartographie (orthophotographie, imagerie et vidéographie 3D), l´agriculture (contrôle et management des surfaces agricoles et des récoltes, l´identification et la prévention de maladies et ravageurs afin de réduire par-là les pertes pré- et post-récoltes), la photographie et la vidéographie aérienne.
Toujours dans le souci d´apporter des réponses aux problèmes majeures des populations, c’était au tour de M. David Mandelbaum de présenter le domaine d´activité de l´entreprise Zipline International. Zipline International travaille en coopération avec le ministère rwandais de la santé et livre des médicaments d´urgence et des poches de sangs par drones aux structures sanitaires les plus reculées. La bonne formation (continue, en présentielle et en ligne) du personnel, mais aussi la coopération exemplaire avec les ministères de tutelle, l’aviation, les institutions de sécurité, les autorités locales ainsi que la population conscientisée permettent aux drones et à leurs pilotes de mener à bien leur mission.
Zipline international. Source:
Ce sont là donc, deux exemples d´usages des drones qui améliorent et sauvent la vie des populations. De plus, les deux sociétés entretiennent une excellence collaboration. Des expériences assez enrichissantes qui peuvent être appliquées au reste de l´Afrique.
« Cette Maison croit que l’Afrique n’a rien à craindre d’une quatrième révolution industrielle et devrait saisir l’opportunité qu’elle représente », telle est la motion du grand débat plénier de la conférence qui s’en est suivie le 28 septembre.
Notons que la quatrième révolution industrielle communément appelé « industrie 4.0 » est directement liée au développement de l´intelligence artificielle et son application aux différents secteurs de production industrielle.
La portée et l’impact prévisible de l’intelligence artificielle et de l’automatisation sur le marché du travail, sur les relations humaines, les économies et cultures africaines, le contrôle des données personnelles et leur monétisation, de même que sur la finance (cryptographie, blockchain) et la gouvernance des États ont été au cœur des échanges.
L’unique condition pour se l’approprier est de préparer les élèves et les étudiants aux emplois du futur, de développer des mécanismes d´adaptation des technologies émergentes aux cultures, valeurs et réalités africaines dans leurs spécificités. Les pays africains doivent donc suivre fermement et de manière pragmatique le Zeitgeist des technologies tout en sauvegardant l’ubuntu.
Le Pr. Alkassoum Maïga, ministre burkinabè de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation a pris part à la conférence par sa participation à la table ronde ministérielle à côté de ses pairs africains.
Réactions de participants
L’une des conférencières a aussi été la Dr. Karen FERREIRA-MEYERS, enseignante-chercheure et coordinatrice du Département de Linguistique et des Langues Modernes de l´Institute of Distance Education, University of Eswatini (connue auparavant sous le nom de l’University of Swaziland). Elle est aussi Chercheure Associée de l´Université de Johannesburg en Afrique du Sud. Ses recherches se concentrent principalement sur l’enseignement et l’apprentissage des langues, l’enseignement et l’apprentissage à distance et le e-learning, l’interprétation, la traduction.
« Voici la troisième fois que je participe à eLearning Africa. La première fois était à Dakar, la deuxième fois à Lusaka, et cette année je suis venue à Kigali (où je n’avais plus été depuis 1991. ELearning Africa est une grande fête qui réunit chercheurs, industries, enseignants, et toute personne s’intéressant au développement de l’apprentissage et l’enseignement en Afrique. L’ouverture du continent aux idées, techniques et nouveautés pédagogiques et technologiques est toujours à l’ordre du jour des colloques sur le e-learning. La quatrième révolution industrielle nous a fascinée et nous interpelle grandement : sommes-nous prêts à profiter des données, du savoir, de l’innovation ? Sommes-nous assez flexibles ? Pourrons-nous mener cette révolution ? Voilà des questions que je me posais avant d’arriver au Rwanda. Ce que j’ai vu en termes de talent et d’innovation m’a convaincu que les jeunes Africains d’aujourd’hui et de demain sont capables de répondre au défi avec brio », s’est-elle exprimée.
M. Siaka Gow, coordonnateur de Online Training Center, y était également.. Habitué aux rencontres e-learning il est intervenu sur la valeur ajoutée de la conférence et sur l’impact du secteur privé dans ce domaine au Burkina Faso.
« Chaque édition du eLearning Africa Conference apporte de nouveaux contacts à nos activités. C’est également le lieu par excellence pour renforcer ses connaissances sur les nouvelles technologies dans notre secteur d’activité qui est le e-learning. Pour OTC, nous en profitons pour acquérir des infrastructures technologiques, nouer des partenariats avec les fournisseurs de solutions de dernière génération. L’édition de Kigali au Rwanda a été très riche en terme de participation de personnalités qui travaillent pour le e-learning, c’est ainsi que nous avons rencontré le fondateur de Moodle dont la plateforme est utilisée par nos étudiants », s’est-il réjoui.
A noter que l’OTC est une plateforme d’apprentissage en ligne qui regroupe Des formations de Bac+2, BTS, DTS Licence, Bachelor, Master, MBA et Doctorat, ainsi que des certificats d’Expertise, de Spécialisation, de Qualification de plusieurs universités et grandes écoles de l’Afrique et de l’Europe.
Pour sa part, Mehdi Oulmakki a indiqué que cette conférence fut enrichissante. « Les profils des participants furent extrêmement diverses: Ingénieurs, politiciens, enseignants et représentants s’y sont côtoyés aisément, et cela produit des conversations et un potentiel immense pour l’innovation. En particulier, j’ai pu discuter avec Martin Dougiamas, fondateur de Moodle, le LMS le plus populaire au monde, et de loin, en Afrique. Le secteur privé était grandement représenté et le nombre de start-ups Africaines qui utilisent les nouvelles technologies pour galvaniser l’éducation augmente chaque jour. Nous risquons une crise du secteur, mais les projets que j’ai vu à la conférence me laissent optimiste », a-t-il dit.
M. Oulmakki fait parti du personnel enseignant de la faculté d´informatique de l’African Leadership University (ALU), créée en 2015. Le premier campus de cette université d´excellence se situe aux Îles Maurice et le seconde au Rwanda. L´ALU se fixe pour objectif de former les futurs champions de la transformation africaine, « avec des méthodes innovantes, audacieuses, totalement disruptives dans le contexte éducatif africain où tout doit être refondé et repensé au regard des mutations numériques, économiques et environnementales qui auront cours dans les 10 prochaines années et qui risquent de balayer tout espoir de croissance si le continent peine à faire émerger les talents et les leaders qui demain auront la capacité de porter la transformation de toute son économie »
Les participants ont pu éffectuer, en marge des présentations, discussions et expositions des excursions touristiques. Entre autres, la visite du Mémorial du génocide de Kigali qui rend compte des tueries de masse de 1994 dans le pays. De plus des prestations artistiques ont été offertes, telle cette danse traditionnelle rwandaise :
Bref rappel historique : la première conférence de eLearning Africa s´est tenue en 2006 à Addis-Abeba en Éthiopie. Depuis lors, elle a connu des succès successifs dans les pays suivants : Kenya, Ghana, Sénégal, Zambie, Tanzanie, Bénin, Namibie, Ouganda, Éthiopie, Égypte et aux Îles Maurice. Ce rendez-vous sur l´apprentissage par les technologies électroniques a jusque-là accueilli des participants de plus de 100 pays du monde. Elle est organisée par ICWE GmbH, une entreprise à responsabilité limitée basée à Berlin. De plus, elle se tient régulièrement dans deux langues que sont l´anglais et le français sous le Haut Patronage du Ministre Fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement.
Rendez-vous est maintenant prévu en octobre 2019 à Abidjan en Côte d’Ivoire pour la 14ème conférence eLearning Africa !
Dr. Clément Compaoré
Dr. Clément Compaoré est germaniste, enseignant en ligne et expert en Ingénierie et Conseil en Formation à Distance. Il a soutenu sa thèse de doctorat en Allemand Langue Etrangère et en Psychologie à l’université Louis-et-Maximilien (LMU) de Munich (ALLEMAGNE), prenant part au programme doctoral intégré au sein du Centre Munichois de Recherche Interdisciplinaire sur les Sciences de l’Apprendre, dénommé Munich Center of the Learning Sciences. Ses recherches dans sa thèse ont porté sur l’évaluation formative de l’impact de l’usage d’animations cognitives pour l’apprentissage collaboratif à distance dans des classes virtuelles.
Il s’intéresse dans ce domaine particulièrement à l´usage des multimédias comme dispositifs d’apprentissage et d’acquisition des langues, à l’ingénierie de scenarios et modules d’apprentissage en groupe médié par ordinateur, à l’implémentation des TICE ainsi qu’à l’évaluation de leur impact sur la motivation et la performance des apprenants.
Dr. Compaoré a fait partie des conférenciers à la 13ème édition de eLearning Africa avec une présentation sous le titre: « Redesigning Computer-Supported Collaborative Learning Environments Using Grammar Animations in Virtual Classes: The Matter of Effective Instructional Scaffolding »
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